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La Chronique du Lundi La Francophonie économique, socle d’un avenir partage entre l’Afrique et les pays Francophones

Invité à Paris par Geoffroy Roux de Bézieux, président du MEDEF (Mouvement des Entreprises de France), à l’occasion des Rencontres des Entrepreneurs Francophones (REF), le Premier ministre ivoirien, Patrick Achi, s’exprimant sur la Francophonie, a déclaré : « l’Afrique sera demain le cœur et le poumon du monde francophone ».

Au-delà du lien qui unit les pays membres de la francophonie et qui est l’utilisation du français comme langue de travail et outil de communication, la Francophonie se définit aussi par les valeurs qu’elle incarne dans un monde devenu multipolaire et qui est, par définition, multiculturel et multilinguistique. Dans ce monde multipolaire, les grandes régions de la planète, soumises aux contraintes d’une économie mondialisée, se livrent une concurrence économique agressive. La Francophonie, qui est un espace géopolitique, géoéconomique et géostratégique, doit se construire sur la solidarité de ses membres. Le partage d’un même outil de communication, la langue française, ne suffit plus à légitimer l’existence du monde francophone. Le fait linguistique doit s’accompagner d’une ambition commune, à la fois politique, économique, sociale, environnementale et culturelle, dans le respect de la souveraineté de chaque Etat


L’Afrique, laboratoire de développement de la Francophonie économique

Patrick Achi a bien précisé que la Francophonie économique se pense et se construit « avec les entreprises et les investisseurs francophones, tout à la fois français et européens, américains, asiatiques et évidemment africains ». Il n’est donc pas question d’un lien exclusif avec la France. Le but de cette Francophonie économique est de « produire plus de richesses en commun, plus durables et, aussi, disons-le, bien mieux partagées ! » Signe de cette volonté de renouveler la Francophonie, ces « Rencontres », organisées par le MEDEF, se sont concentrées « autour du secteur privé », avec l’ambition de « produire des résultats tangibles pour [les] entreprises comme pour {les] pays. » Installer l’économie à la place rectrice dans la construction de la Francophonie, c’est accomplir une véritable révolution culturelle. Patrick Achi est revenu sur la philosophie à l’origine du grand dessein que représente la création de la Francophonie : « Notre histoire nous a en effet amenés, après 1958, à définir la Francophonie par la culture, avant de valoriser des relations économiques durables, profitables et équitables. » Passer du paradigme culturel au paradigme économique, c’est ce que propose Patric Achi : « C’est cette révolution que la Francophonie Économique se doit d’entreprendre, en osant clamer comme le fait le Commonwealth dans son propre nom, que notre projet est bien de créer une nouvelle richesse commune ». La Francophonie doit devenir cette « maison commune » qui crée des richesses profitables à tous, populations et pays. Comment le faire sans une mobilisation du secteur privé ? En Côte d’Ivoire, la question se pose aujourd’hui plus que jamais, quand on sait que la forte croissance ivoirienne ne provient pas d’une transformation structurelle de l’économie, mais, presque exclusivement, des investissements de l’Etat dans les infrastructures économiques et les grands projets. L’Etat, qui a joué son rôle, doit permettre au secteur privé de jouer le sien. C’est l’une des priorités fixées par Alassane Ouattara, comme le rappelle Patrick Achi : « Pour atteindre nos objectifs 2030, consacrés par le projet Côte d’Ivoire Solidaire, c’est-à-dire doubler à nouveau notre PIB/habitant et réduire de moitié notre pauvreté, nous avons fait du développement du secteur privé notre priorité nationale absolue, avec une contribution cible du secteur privé à l’investissement de 25% du PIB d’ici 10 ans. »


Le poids de l’Afrique dans la Francophonie

« L’Afrique sera demain le cœur et le poumon du monde francophone. Et plus que jamais, l’avenir est ici ! » : Ce message que Patrick Achi a voulu faire passer aux entrepreneurs et aux investisseurs francophones s’appuie sur la réalité des chiffres : « le monde francophone est aujourd’hui l’une des 5 grandes zones géopolitiques linguistiques, représentant près de 16% de la population et du PIB planétaire. Compte tenu du dynamisme démographique de ses membres, notre espace commun devrait atteindre, en 2050, plus d’1,5 milliard de personnes, dont 700 millions de locuteurs francophones. Et à cette échéance, 90% des locuteurs âgés de 15 à 30 ans, vivront en Afrique. Oui, le monde francophone est aujourd’hui l’une des 5 grandes zones géopolitiques linguistiques, représentant près de 16% de la population et du PIB planétaire. » Quant à l’Afrique, « compte tenu du dynamisme démographique de ses membres, notre espace commun devrait atteindre en 2050 plus d’1,5 milliard de personnes, dont 700 millions de locuteurs francophones. Et à cette échéance, 90% des locuteurs âgés de 15 à 30 ans, vivront en Afrique.»


Ecrire une page nouvelle de l’histoire de l’Afrique

Patrick Achi a martelé avec force les convictions suivantes : « L’Afrique change et c’est l’avenir en marche », « l’Afrique n’est plus l’Afrique, l’Afrique a changé. » Il faut sortir du prisme réducteur des clichés sur le continent africain « pour voir cette Afrique nouvelle », qui « s’affirme et prend conscience de son potentiel immense », une Afrique « qui a faim de conquêtes positives ». Pour cela, l’Afrique doit se libérer du poids que représente une Histoire complexe. Selon Patrick Achi, cette Histoire « est celle de nos pères. Pas la nôtre, ni celle de nos fils. Eux attendent les investissements, les infrastructures, les emplois, le pouvoir d’achat. (…) Pour notre jeunesse, cette page n’est plus la sienne. Et elle vous attend pour écrire celles qui vont dessiner son avenir et transformer positivement sa vie. » Pour Bachir Dieye, conseiller à l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF), chargé de la Commission de la coopération et du développement, de la Région Afrique et des programmes Jeunesse, « C’est le très beau dessein d’une Francophonie économique, rayonnante et conquérante, porteuse d’une croissance inclusive, que dessine le Discours de Patrick Achi lors de ce Sommet des entrepreneurs francophones.»

Christian GAMBOTTI,
Agrégé de l’Université,
Président du think tank
Afrique & Partage – CEO du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain) –
Directeur des Collections L’Afrique en Marche, Planète francophone –
Directeur de la rédaction du magazine Parlements & Pouvoirs africains

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