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Femmes de la diaspora : Droits et intégration en France- L’exemple de l’association EFAPO en France (Chilly-Mazarin)

Au premier étage d’un bâtiment abritant des services administratifs, se trouvent les bureaux de l’association EFAPO dont je suis l’avocate partenaire depuis plusieurs années.

Une association créée par une Franco Sénégalaise, Awa BA, née au Sénégal en 1965 et vivant en France depuis 32 ans. Mariée et mère de 3 adorables enfants issus d’un premier mariage, Fonctionnaire dans la fonction publique hospitalière, naturopathe conseillère en nutrition et passionnée d’écriture. Une femme engagée avec laquelle, je me suis trouvée de nombreux engagements communs.

Awa BA a grandi au sein d’un foyer polygame et a échappé à un mariage forcé (polygame) à l’âge de 15 ans en entamant une grève de la faim avec beaucoup de ténacité et de diplomatie pour pouvoir mener la vie dont elle avait envie et non celle qu’on voulait lui imposer.

En Finir avec la polygamie (EFAPO) créée en 2013 est une association loi 1901, apolitique affiliée à l’UDAF91, Centre Hubertine Auclert, FIA- ISM, dont le but est de lutter contre toutes violences faites aux femmes dont la polygamie, les mariages forcés et l’excision.

EFAPO compte 6 salariées dont 2 médiatrices, une coordinatrice, une conseillère numérique, un comptable et un agent d’accueil aidés par plus d’une trentaine de bénévoles actifs dont la présidente présente tous les jours à l’association.

En cette journée internationale des droits de la femme, il m’a semblé judicieux de mettre en lumière l’association de cette brave dame que j’ai rencontrée à une conférence organisée par le barreau de Paris il y a de cela quelques années.

Immersion dans le quotidien des bénéficiaires de l’association EFAPO

– La prise de conscience

Timidement, des femmes pour la plupart issues de la diversité, parfois en situation de précarité administrative poussent la porte d’EFAPO. Sur leurs visages, l’on peut dire de l’inquiétude, de l’épuisement et une petite lueur d’espoir que nus nous efforçons de raviver.

C’est très souvent le premier acte et le plus courageux d’une longue série de démarches.

S’adresser à une structure associative dédiée c’est d’abord prendre conscience de sa ou ses difficultés.

C’est également l’expression d’une volonté de s’en sortir, de s’affranchir de certains maux.

– Écoute bienveillante et absence de jugement

Tous les mois sauf au mois d’août, une à deux permanences juridiques sont organisées par EFAPO et dispensées par Maître Léa N’GUESSAN, Avocate au barreau de Paris.

De l’ivoirienne à la Sénégalaise en passant par la Malienne, une mosaïque d’origines, de cultures s’entremêlent.

Des destins se redessinent, des histoires se réécrivent, des larmes coulent parfois abondamment…

Ici l’on ne juge pas, l’on tente de trouver une, voire des solutions.

Ici ces femmes bénéficient de consultations juridiques gratuites prises en charge par EFAPO.

Ici l’on accueille volontiers des non Africaines confrontées également aux violences précitées car la violence n’a malheureusement pas de frontières.

Ici l’on écrit aux différentes administrations françaises en mettant des mots justes sur leurs maux injustes.

– Assistance juridique et administrative

Des procédures nécessitant d’échanger avec des administrations à la défense de leurs intérêts en justice, un dispositif est mis en place afin de leur permettre de faire valoir dignement leurs droits devant le Juge aux Affaires Familiales, le Tribunal pour enfants, le Tribunal correctionnel, les juridictions administratives ou encore le Juge de l’exécution etc …

Une préparation en amont de ces audiences est assurée par Maître Léa N’GUESSAN afin de produire des pièces probantes aux débats.

Des décisions de justice qui leur permettent de faire valoir leurs droits en France notamment en régularisant leurs situations administratives.

– Rupture d’isolement et intégration dans la société française

Une majorité des bénéficiaires d’EFAPO ont peu voire pas de famille en France et ne maîtrisent pas la langue française.

Elles sont également suivies par un psychologue présent une journée par semaine.

C’est pourquoi EFAPO organise divers ateliers notamment les ateliers socio linguistiques, numériques, de recherche d’emploi ou de formation pour promouvoir l’autonomisation des femmes et leur permettent de sortir de leur souffrance.

L’association lutte contre l’isolement des femmes et favorise l’inclusion sociale en mettant en place des ateliers de bien être, de cuisine, de potager de partage, de vacances solidaires, de sorties, etc…

– Des obstacles majeurs : la pression familiale et la précarité administrative et économique

Elles sont victimes oui mais avant tout demeurent des femmes …

Présumées sexe faible, elles « doivent » soumission à leurs conjoints même quand l’inimaginable se produit. La pression familiale a encore de beaux jours : en effet tout un clan pourrait rejeter la victime si elle osait déposer une simple plainte …

La mort dans l’âme, nous assistons quelquefois à des retraits de plainte des victimes sous la pression familiale ou sous prétexte d’une pseudo réconciliation orchestrée par un pervers narcissique.

La bonne nouvelle c’est que la porte d’EFAPO leur est toujours ouverte lorsqu’elles décident de passer outre ces considérations.

– Partenariats stratégiques et distinctions

EFAPO travaille en partenariat avec différentes associations qui luttent contre les violences faites aux femmes notamment

GAMS, Voix de femmes etc…et des fédérations FIA- ISM, UDAF91, le centre Hubertine AUCLERT et IFAFE

EFAPO est soutenue par différents organismes notamment la région ile de France, la Préfecture de la région Ile-de-France et de l’Essonne, le Conseil général, les communes de Chilly-Mazarin et Morangis, AFNIC, Fondation de France, des sponsors Auchan et CIC etc…

EFAPO a reçu plusieurs distinctions pour son travail de qualité au plus près des populations : Médaille de Chevalier dans l’ordre de mérite en 2021, Médaille de l’Assemblée Nationale en 2022,

Lauréate du budget participatif en 2021, Lauréate du grand prix de la fondation des femmes en 2022, Lauréate du prix défi de famille de l’UDAF en 2022, Lauréate du prix de solidarité en 2018 de la région

Ile-de-France, Lauréate du défi de famille en 2018 de UDAF, Médaille de la ville de Chilly en 2019.

– Perspectives

Outre la lutte contre les violences faites aux femmes, des défis majeurs subsistent : l’autonomisation financière des femmes, la conciliation vie familiale et vie professionnelle, la santé mentale, l’égalité salariale à compétences égales, de même l’accession des femmes aux postes de responsabilité.

« Je dis aux femmes trois choses : votre indépendance économique est la clé de votre libération. Ne laissez rien passer dans les gestes, le langage, les situations, qui attentent à votre dignité. Ne vous résignez jamais » Gisèle HALIMI

Maître Léa N’GUESSAN, Avocate au barreau de Paris

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