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Éditorial : décryptage des élections législatives anticipées en France

En France à l’occasion des élections législatives anticipées suite à la dissolution de l’Assemblée nationale, le peuple a parlé, hier dimanche 7 juillet 2024.

Ainsi le Rassemblement national termine troisième, tandis que le parti du président Emmanuel Macron est deuxième, un petit exploit et une belle remontada eu égard aux sondages.
Enfin le Nouveau Front populaire arrive en tête, même s’il reste divisé.

La dissolution a été décidée par Emmanuel Macron dans un but de clarification. Le peuple a parlé sans donner la majorité absolue à un parti politique ou à une coalition.

Première surprise par rapport aux sondages : le RN de Marine Le Pen est le grand perdant de cette élection. Il termine 3ème. Les Français ne veulent pas que le pays soit gouverné par un parti d’extrême droite. Le Front républicain anti-RN reste fort, aidé par les médias, ( qui ont toujours et encore du poids dans l’opinion publique ) , les déclarations de sportifs de haut niveau comme MBappé, les artistes, les avocats et les consciences éclairées de ceux qui n’ont pas hésité à s’engager. Marine Le Pen pourra-t-elle franchir le plafond de verre en 2027 ? Rien n’est moins sûr. Elle doit encore convaincre les Français.

Deuxième surprise : le camp présidentiel termine deuxième.

On est loin d’un rejet du président de la République, même si son camp a été battu, sans oublier qu’il n’avait d’ailleurs qu’une majorité relative et non pas absolue dans la configuration de l’Assemblée nationale dissoute. Peut-on parler de victoire pour Macron ? On peut parler de remontada après les 14 % des élections européennes. Le « bloc central » incarné par la macronie est loin d’avoir disparu.
Troisième surprise : les Républicains qui n’ont pas suivi Ciotti chez Bardella se maintiennent. Avec eux se dessinent des coalitions possibles anti-LFI.
Une victoire qui n’en est pas une pour Mélenchon : Mélenchon peut être considéré comme le vainqueur de ces législatives anticipées, puisque le Nouveau Front Populaire (NFP) arrive en tête. Toutefois cette victoire ressemble à une défaite pour trois raisons : 1) le NFP est une coalition de circonstance dont les membres ont des désaccords plus nombreux que les points d’accords
2) à l’intérieur du NFP, LFI, le parti de Mélenchon, est minoritaire face au PS, aux Ecologistes et au PCF 3) Les anti-Mélenchon, de Ruffin à Hollande, en passant par Glucksmann et Guedj, sont nombreux. Ce sont des « frondeurs » socio-démocrates qui s’opposeront a) au programme de la NUPES b) à la nomination de Mélenchon à Matignon. Pourtant Mélenchon a pris la parole le premier pour le NFP. Cette prise de parole n’a été ni humble, ni modeste, encore moins unitaire. L’extrême gauche, avec Mélenchon, fait de la surenchère et tente de déborder la social-démocratie.
Finalement, Macron a atteint ses deux objectifs : clarifier la situation politique en redonnant la parole au Français, empêcher les extrêmes d’obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Pourra-t-il ensuite continuer de tirer les ficelles du pouvoir depuis l’Elysée ? Une chose est certaine : il est possible qu’il puisse former une coalition de gouvernement, ce qui serait nouveau en France, dans la 5 eme République donnant un air de quatrième République . La France reste enfermée dans la culture du régime présidentiel. Au-dessus des élections en France, flottent toujours la figure totémique du Général de Gaulle et l’ombre des institutions de la Vème République .

Dernier point important qui n’est pas suffisamment analysé : le fétichisme du nombre 289, qui définit la majorité absolue avec l’idée qu’un parti ne peut pas gouverner s’il n’a pas 289 députés. Erreur, on peut toujours gouverner si on n’a pas 289 députés, A CONDITION DE CONSTRUIRE UNE COALITION DE GOUVERNEMENT MAJORITAIRE, comme cela se fait dans la plupart des démocraties européennes avec des coalitions inédites. 289, c’est le nombre de députés qu’il ne faut pas avoir contre soi pour ne pas être renversé.

Les jours qui viennent vont être intéressants à analyser. Qui va s’allier avec qui pour gouverner ? Qui sera nommé à Matignon ? Quels seront les ministres ? Je laisse la place aux astrologues pour prédire l’avenir. Seule prévision que je fais : la France risque d’être ingouvernable. Autre constat : les sondages que l’on croyait infaillibles n’avaient pas clairement prévu la victoire de la gauche.

Alafé Wakili

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