Économie

Conseil Café-cacao- Séka Séké explique comment le café et le cacao ivoiriens sont désormais traçables

Selon Séka Séké Sylvestre, le café et le cacao ivoiriens sont désormais durables et traçables. Depuis la plantation du producteur jusqu’à l’usine, le café et le cacao ivoiriens sont désormais traçables. La mise en place du système national de la traçabilité par le Conseil du café et du cacao permet de retrouver l’historique des fèves de cacao et cerises de café ivoiriennes.

À l’occasion de la 60ème édition du salon international de l’agriculture de Paris, Sylvestre Séka Séka, chef de service projet et développement informatique au sein du régulateur de la filière à décrit le nouvel outil qui fait désormais correspondre le binôme café-cacao aux nouvelles normes et directives européennes face aux opérateurs internationaux du monde de l’agriculture. Il livre les caractéristiques du système national ivoirien de traçabilité du café et du cacao.

Quelles sont les phases de mise en œuvre du système national de traçabilité ?
La traçabilité dans la commercialisation du café et du cacao consiste à identifier l’origine d’un produit acheté auprès d’un producteur, depuis le bord champ, jusqu’à la réception de ce produit chez un exportateur et de reconstituer son parcours. Pour réaliser les différentes opérations de la traçabilité, le Conseil du Café-Cacao a mis en œuvre un Système digitalisé de la commercialisation qui intègre la traçabilité dénommée Système National de Traçabilité. La mise en œuvre du système de traçabilité se décline en trois phases. En un, Le recensement des producteurs de Café-Cacao et de leurs vergers. En deux, la production et la distribution des cartes de producteurs. En trois, l’implémentation du système de gestion de la traçabilité. A l’arrivée du directeur général Yves Brahima Koné à la tête du Conseil du Café-Cacao, il a entrepris un vaste projet d’identification des producteurs de café et de cacao et la géolocalisation de leurs parcelles ou vergers dans toutes les 13 zones de productions. Ce projet dénommé RPCCV (Recensement des producteurs de Café-Cacao et de leurs vergers : NDLR) a démarré avec une phase pilote en aout 2018, puis une grande phase de réalisation de 2019 à 2020. Ce fut la première phase du projet de la traçabilité. La deuxième phase est la production et la distribution des cartes de producteurs. A l’issue de la grande phase de recensement des producteurs et de leurs vergers, le Conseil du Café-Cacao a décidé de produire des cartes et de les distribuer à chaque producteur de café-cacao identifié. Cette opération qui a démarré depuis le mois de juin 2022 se poursuit jusqu’aujourd’hui. Pour la phase de l’implémentation du système de gestion de la traçabilité, Il faut noter que la notion de traçabilité existait déjà dans la commercialisation du café et du cacao. En effet, en dehors des producteurs, tous les acteurs qui participent à la commercialisation du café et du cacao au travers du système de commercialisation du Conseil du Café-Cacao étaient identifiés et toutes leurs transactions étaient tracées. Il s’agit des acheteurs, des sociétés coopératives, des exportateurs et leurs contreparties. Avec le recensement des producteurs et de leurs vergers, nous avons intégré dans le système de commercialisation du Conseil du Café-Cacao les transactions bord champ afin de tracer les achats des produits et leurs origines, depuis le bord champ jusqu’à l’exportation. Cette phase a été implémentée en même temps que la phase de production et de distribution des cartes de producteurs.

Quels sont les résultats du recensement des producteurs ?
Au terme de la grande phase du recensement, nous avons identifié 993 021 producteurs. Cette opération se poursuit jusqu’aujourd’hui avec un dispositif permanent d’actualisation des données qui nous a permis d’identifier 47 000 nouveaux producteurs. Ce qui porte le nombre de producteurs identifiés à 1 040 021 dans la base de données du Conseil du Café-Cacao.

Pouvez-vous nous décrire la carte du producteur ?
La Carte du producteur est une carte d’identification et une carte bancaire Visa. On y trouve le nom, les prénoms, la localité de résidence du producteur et son matricule unique qui lui permet de faire ces transactions marchandes. En plus de ces éléments d’identification personnelle, la carte possède un QR Code renfermant les informations du producteur et de ses parcelles. Et une puce bancaire pour ces transactions financières, telles que recevoir le paiement de ses ventes sur carte.

Quelles sont les avancées de la production et de la distribution des cartes de producteurs ?
Notre objectif de base de la production des cartes était de 1 000 000 de cartes. Jusqu’à ce jour nous avons produit 838 500 cartes et distribué 730 000. En tenant compte des nouveaux producteurs à recenser, le volume de cartes restant à produire est estimé à 300 000.

Décrivez-nous le système national de traçabilité ?
Avant de décrire le système national de traçabilité, il faut noter deux choses. Premièrement, pour la mise en œuvre et son utilisation par l’ensemble des acteurs, le président de la République a pris un décret. Secondo, l’utilisation du système de traçabilité allant du bord champ nécessite trois nouveaux outils. Le premier, la carte du producteur pour identifier le producteur et ses parcelles géolocalisées. Le deuxième, les scellés pour identifier les sacs et tracer l’origine du produit. Et le troisième, le TPE (Terminal de Paiement Electronique : NDLR) sur lequel est installé le système de traçabilité bord champ, permet d’enregistrer les transactions bords champs en temps réel dans le système de traçabilité et effectuer les paiements sur la carte. Concernant le système national de traçabilité ; au plan technologique, c’est un système qui fonctionne sur un terminal mobile et sur une Interface web. Il permet de digitaliser toutes les opérations de commercialisation depuis le bord champ jusqu’à l’exportation. Les différents utilisateurs du système sont les acheteurs, les sociétés coopératives et les exportateurs. L’acquisition de la monnaie électronique et les opérations d’achats Bord Champs . Le système de traçabilité étant digitalisé jusqu’au bord champ, les acheteurs ou les sociétés coopératives doivent acquérir de la monnaie électronique sur leur compte dans le système auprès de la banque. Ils chargent les terminaux mis à leur disposition par le Conseil du Café-Cacao et procèdent aux achats des produits auprès des producteurs avec les terminaux. Le producteur muni de sa carte se présente auprès d’un acheteur ou d’une société coopérative avec son produit ensaché dans des sacs jutes distribués par le Conseil du Café-Cacao. Muni du terminal l’acheteur ou la société coopérative scanne la carte du producteur, pèse son produit, saisit le poids pesé sur le terminal, pose des scellés sur les sacs, scanne les scellés avec le terminal, et valide la transaction sur le terminal. Il faut noter que le montant se calcule automatiquement, car le prix bord champ est paramétré dans le système installé sur le terminal. Le producteur reçoit sur son téléphone portable un reçu électronique par sms et le terminal émet un reçu papier qui lui est remis. A cette étape de la transaction entre le producteur les acheteurs et sociétés coopératives, le système de traçabilité lie chaque scellé aux producteurs par sa carte avec le TPE. C’est le début de la traçabilité depuis le bord champ. Le producteur, une fois que sa carte est créditée, peut se rendre dans un point de retrait mobile money ou un guichet automatique d’une banque pour faire ses retraits d’argent. Après avoir acheté les produits ensachés et scellés auprès des producteurs, le système met à jour automatiquement le stock de produits acquis avec la liste des producteurs et l’origine des produits. Tous les sacs des produits qui constituent le stock sont tracés à partir des scellés et les producteurs qui ont fourni ces sacs sont identifiés avec l’origine de leur produit. C’est la deuxième étape de la traçabilité. Les opérations entre les acheteurs, les sociétés coopératives et les exportateurs. Les acheteurs ou sociétés coopératives vont vendre les produits de leurs stocks aux exportateurs. Pour réaliser cette transaction physique, ils vont dans le système de traçabilité d’abord constituer des chargements à partir de leur stock disponible, en scannant les scellés des sacs de produits à transporter à l’usine des exportateurs. Tous les producteurs et l’origine des sacs de produit qui constituent le chargement sont tracés à partir des scellés de chaque sac. Cette opération est la troisième étape de la traçabilité. Le système de traçabilité met à jour le stock des opérateurs et déduit les scellés enregistrés sur le chargement de l’ensemble des scellés du stock disponible. Ensuite, émettre un connaissement sur lequel le chargement sera enregistré. Le connaissement permettra de tracer l’ensemble des producteurs dont les sacs constituent le chargement avec l’origine de leur produit. Le connaissement permettra de lier les sacs scellés à l’exportateur destinataire du produit, de même que les producteurs qui ont livré ces sacs et l’origine de leur produit. Le connaissement émis sera validé dans le système par l’exportateur à qui le chargement est destiné avant que le produit ne lui soit livré à l’entrée de son usine. Avant de valider le connaissement dans le système, l’exportateur procédera au contrôle des informations figurant sur le connaissement qui s’affichent à l’écran. A savoir la liste des producteurs dont les sacs sont dans le chargement du connaissement et la cartographie de la géolocalisation de leurs parcelles. A cette étape, le produit est tracé depuis le bord champ jusqu’à l’exportateur. C’est la quatrième étape de la traçabilité. Lorsque l’exportateur valide le connaissement, l’opérateur édite le connaissement tracé dans le système, charge le produit dans un camion et le transporte jusqu’à l’entrée de l’usine de l’exportateur. L’exportateur au travers du système réceptionne le connaissement tracé et procède aux contrôles de la qualité du produit, effectue les pesées, puis décharge le produit à son usine. Au terme de la description du système national de traçabilité, nous pouvons dire que depuis le bord champ jusqu’à l’entrée de l’usine des exportateurs, en passant par les magasins de groupage des opérateurs, à partir de la carte du producteur, des scellés, du TPE, des chargements et du connaissement tracé au travers du système de traçabilité, le produit est tracé avec le producteur qui l’a fourni et son origine cartographiée.

Quels sont les dispositions actuelles prises par le Conseil du Café-Cacao pour la mise en œuvre du système national de traçabilité auprès des opérateurs de la filière Café-Cacao, afin de les rassurer à l’approche de la date butoir de l‘application du Règlement et directives de l’Union Européenne ?
Depuis le 11 décembre 2023, le Conseil du Café-Cacao a procédé au déploiement du dispositif de traçabilité par une phase pilote dans près de 400 Sociétés Coopératives avec la participation de plusieurs exportateurs et 4000 producteurs qui ont effectué des transactions dans le système. Cette phase pilote nous a permis d’analyser le flux des transactions physiques et financières, d’améliorer la qualité du système et de renforcer la sécurité.

Quels sont les perspectives avant l’application du Règlement et directives de l’Union Européenne?
En termes de perspectives, nous prévoyons la fin de la production et de la distribution de masse des cartes au plus tard le 30 juin 2024. Depuis le mois de février 2024, nous effectuons le déploiement progressif du système national de traçabilité dans les sociétés coopératives. La phase de généralisation du système national de traçabilité débutera le 1er octobre 2024.

Entretien réalisé par Jean-Paul Oro à Paris

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