Politique

Interview – Dr Mousso Ambroise, cadre d’Agboville : “Ce que je propose aux présidents Ouattara et Bédié lors du retour de Gbagbo”

Pharmacien, homme politique et président-fondateur d’une Ong et d’une fondation œuvrant pour la paix et le développement, Dr Mousso Ambroise, dans cette interview, jette un regard sur l’actualité politique ivoirienne tout en faisant des propositions pour l’accueil du président Laurent Gbagbo, après dix années passées à La Haye, aux Pays-Bas.

Docteur, vous êtes basé à Bouaké qui est votre zone politique où vous êtes très actif dans la politique pour le Rhdp. Qu’est-ce qui a donc motivé votre présence ici, à Agboville aux côtés du ministre Adama Bictogo, en février dernier, lors des campagnes législatives ?

Alors, il y a deux raisons principalement. La première, c’est que le ministre Adama Bictogo est le directeur exécutif du Rhdp, mon parti dans lequel j’occupe, à Bouaké, le poste de secrétaire permanent et directeur de campagne auprès des commerçants, des transporteurs et l’ensemble du monde artisanal. Fils de la région de l’Agnéby-Tiassa et le directeur exécutif de mon parti étant candidat, j’ai senti en moi le devoir de venir l’accompagner pour faire en sorte que notre parti triomphe. La deuxième raison, c’est que le ministre Adama Bictogo est un haut cadre de notre région. Il fallait donc lui donner un autre mandat électif afin qu’il continue ses œuvres de développement. Mais en réalité, il était en face d’autres candidats qui n’avaient que la fibre ethnique comme programme disant que le ministre Adama Bictogo n’est pas Abbey. C’est cette façon d’agir qui m’a poussé à adhérer au Rhdp pour que s’estompent ces genres de comportement. Car un Ivoirien est un Ivoirien. J’ai posé cet acte pour montrer qu’on ne va pas à une élection avec l’ethnie mais bien plutôt pour développer une région ou pour donner de l’emploi aux uns et aux autres ou avoir la capacité de permettre à la région d’être dans la cohésion sociale et créer son développement. Ce sont donc ces deux raisons qui m’ont poussé à venir battre campagne pour le ministre Adama Bictogo. Et je crois que j’ai eu raison puisqu’il a gagné.

Et pourtant, certains disent que c’est le ministre Amadou Koné avec qui, vous êtes en de très bons termes qui vous a dépêché expressément pour venir au secours du ministre Adama Bictogo qui serait en difficulté à ce moment là . Et la contestation des résultats en est une preuve. N’est-ce pas la véritable raison de votre présence aux côtés du député Adama Bictogo ?

Non ! J’ai demandé la permission au ministre Amadou Koné pour venir soutenir le directeur exécutif du Rhdp. Mais, il ne m’a pas dépêché auprès du ministre Adama Bictogo qui serait en difficulté. Non et non. En venant sur ma terre natale, je voulais juste montrer à mes parents qu’étant Abbey, je soutiens le candidat Adama Bictogo parce qu’il est l’homme qu’il faut pour le développement de notre région. Aussi, je viens de vous dire que c’est le directeur exécutif de notre parti et j’ai l’obligation de le soutenir. Et d’ailleurs, lui-même a fait autant en allant soutenir des candidats à Bouaké et partout ailleurs en Côte d’Ivoire lors de ces joutes électorales. J’ai agi ainsi, non seulement en tant que fils de la région mais aussi pour soutenir notre candidat. Je n’ai nullement été mandaté pour venir soutenir le ministre Bictogo Adama parce qu’il aurait été en difficulté. Je suis plutôt venu donner une autre image à la population pour dire qu’un Abbey peut suivre Adama Bictogo.

En vous présentant, vous avez dit que vous êtes président fondateur d’une Ong qui œuvre pour la paix. Qu’est-ce qui explique votre intrusion, si je peux m’exprimer ainsi, au niveau de la paix quand on sait qu’en Afrique, la cohésion sociale qui s’effrite émane du politique et que vous-même, vous êtes un acteur politique ?

Justement, vous avez trouvé la réponse à votre question. Vous savez quand vous dites que c’est en politique que la paix s’effrite, en tant qu’homme de paix, il faut que je fasse la politique pour effectivement consolider cette paix-là. Il faut comprendre qu’on n’éteint pas le feu dans une maison voisine qui ne brûle pas mais au contraire, c’est dans la maison voisine qui brûle qu’on éteint le feu. Et c’est ce que j’ai fait. Donc, il fallait que je sois en politique. Mon comportement, ma vision, mes actions pourraient dire aux hommes politiques que la meilleure chose qu’il faille faire en politique, c’est se mettre ensemble pour développer la paix, pour mieux vivre ensemble en posant des actes dans le sens de la cohésion sociale. Car on ne peut diriger un pays s’il y manque la paix.

Parlant donc de paix, l’annonce du président Laurent Gbagbo qui vient d’être acquitté par la Cpi a été faite. Il se pose le problème de son accueil. Vous en tant qu’Ivoirien mais aussi en tant que cadre du Rhdp et au vu de la position tranchée de certains cadres dans vos rangs qui s’opposent à un accueil triomphal, quelle est votre position étant donné que vous endossez la double casquette d’homme politique et d’homme de paix ?

Merci. Ce que je voudrais dire, c’est que le président Laurent Gbagbo est allé à la Cpi suite à une élection litigieuse où il s’est proclamé vainqueur alors que la Communauté internationale n’a reconnu que la victoire de son adversaire, le président Alassane Ouattara. Alors quand on part de ce principe et quand il revient et que des gens veulent en faire une fête comme s’il venait de triompher, cela risque de briser la cohésion sociale. Et moi, en tant qu’homme de paix, et ça n’engage que moi, je voudrais que le président Gbagbo Laurent revienne, et je l’ai toujours souhaité, prendre sa place en politique aux côtés de ses frères Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié. Lorsque les trois seront ensemble, en toute humilité ; (l’humilité étant un fondement de la paix, sans triomphalisme), cela va permettre d’apaiser les autres. Je pense qu’après il (Laurent Ggagbo) pourra organiser des meetings politiques avec ses partisans. Mais l’accueillir triomphalement le jour de son arrivée, cela peut être interprété autrement. Et pour le juste milieu, il peut même être accueilli par le président de la République en présence du président Henri Konan Bédié. Ils peuvent même dîner ensemble ce soir-là tous les trois. Après quoi le président Laurent Gbagbo peut tenir ses meetings pour passer le message qu’il veut mais je crois que pour l’heure, ce n’est pas opportun pour un accueil triomphal. Je propose donc que ce soit un accueil symbolique qui va montrer aux yeux de tous que les personnalités qui étaient en palabre, hier, sont contentes de retrouver un des leurs qui a fait la prison pendant dix ans et qui est de retour. Je l’ai déjà dit et je répète que le jour de l’arrivée du président Laurent Gbagbo, si le président Alassane Ouattara est au pavillon présidentiel avec le président Henri Konan Bédié ensemble pour accueillir leur frère, je vous l’assure, cette image-là est plus forte que toute manifestation. Cela augurera aux yeux du monde entier que la Côte d’Ivoire est définitivement réconciliée. Parce que quand deux personnes font palabre, il n’y a que les deux en conflit qui peuvent acter leur réconciliation. Et ce ne sont pas des tierces personnes qui se réconcilient. C’est pourquoi, je dis qu’Alassane Ouattara absent à l’accueil du président Laurent Gbagbo, pour moi, il y aura quelque chose d’incomplet. En tant qu’homme de paix, j’exhorte le président Alassane Ouattara à être à l’aéroport pour accueillir son prédécesseur, c’est à dire le président Laurent Gbagbo. Le président Alassane Ouattara m’a toujours fasciné par ses prises de décisions comme en témoigne sa décision de dérouler le tapis rouge à Laurent Gbagbo mais aussi il lui permet de passer par le pavillon présidentiel. Toutes ces décisions qu’il a prises sont à son honneur. C’est pourquoi je lui dis non seulement merci mais aussi je lui demande d’être au bas de l’échelle de coupée pour accueillir son frère. Car pour moi, ce geste rendra des millions de personnes heureuses.

À quand le retour de Dr Mousso Ambroise dans l’humanitaire à Agboville ?

Dr Mousso Ambroise n’est jamais parti d’Agboville. Je continue d’œuvrer dans l’humanitaire à Agboville, à Yamoussoukro ou encore à Bouaké. Je continue de prendre en charge des enfants, ici. Il est vrai que mes frères de l’Agneby-Tiassa veulent que je fasse toujours encore mais vous savez, je suis respectueux des aînés. J’ai des aînés comme les ministres Adama Bictogo qui est un mentor pour moi et Dimba N’gou Pierre. Ils font beaucoup d’actions. Moi, je ne peux pas faire des actions en dehors d’eux. Je ne peux que poser des actions pour les accompagner. Donc les actions que je mène, je le fais à leurs côtés. C’est pourquoi, les gens ne voient pas mes actions. Ceci pour vous dire que je ne suis jamais parti d’Agboville. Je suis là et la preuve est que pour la dernière fête des mères , j’ai envoyé des pagnes à des mamans, ici, à Agboville, pour leur souhaiter la bonne fête des mères.

Interview réalisée par Ahou Moayé à Agboville

Tags
Afficher plus

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
Fermer
Fermer