Culture

Interview-Présidence de l’Ujocci- Serges N’Guessant donne les raisons de sa candidature

Serges N'Guessant donne les raisons de sa candidature à la présidence de l’Ujocci.

L’Assemblée générale élective de l’Union des journalistes culturels de Côte d’Ivoire (Ujocci) aura lieu, le samedi 18 janvier 2025 à la Maison de la presse à Abidjan-Plateau. Serges N’Guessant, journaliste culturel et chef de service culture au quotidien Fraternité Matin est candidat pour succéder au président sortant. Dans cette interview qu’il nous accordée, le candidat déroule son programme et se dit être le meilleur candidat.

Pourquoi êtes-vous candidat à la présidence de l’Union des journalistes culturels de Côte d’Ivoire (Ujocci) ?

Vous savez, je peux légitimement affirmer être l’un des membres fondateurs de l’Ujocci car nous étions là et très impliqué lorsque notre faîtière a été portée sur les fonts baptismaux avec l’élection en 1997 d’Amos Beonaho comme premier président de l’Ujocci. J’ai également vu se succéder à la tête de notre union les autres présidents et chacun est allé dans sa gestion avec des fortunes diverses. Aujourd’hui, après 30 années d’expérience professionnelle, je crois que je peux apporter ma touche à l’édification de notre faîtière commune.

Qu’attendez-vous par l’expression votre touche personnelle ?

Je parle de vision. Aujourd’hui, face aux défis de notre profession, je pense qu’il est temps de repenser notre engagement. Il est temps de bâtir une Ujocci plus forte, plus solidaire et plus influente. Une Ujocci capable de répondre aux attentes de ses membres et de jouer pleinement son rôle dans la promotion du journaliste de culture. Je pense donc qu’une vision nouvelle de relance, de redynamisation, de renouveau de notre Union commune et de valorisation du journaliste culturel ivoirien s’impose.

Si on vous demandait de dire un mot sur le bilan du bureau sortant, que diriez-vous ?

Je ne veux vraiment pas ruer dans les brancards quelqu’un parce que j’ai pris un engagement d’une campagne apaisée. Toutefois, vous êtes journaliste culturel, je voudrais bien vous retourner la question en vous demandant quelle est l’activité majeure du bureau sortant qui a impacté les journalistes culturels et le monde de la culture, ces six dernières années. Aujourd’hui, quelle est la place et la notoriété du journaliste de culture dans le paysage médiatique ivoirien ? Bref, le bureau sortant a fait ce qu’il pouvait, car nulle œuvre humaine n’est parfaite. Nous voulons nous servir des expériences passées pour proposer une nouvelle approche de gestion de l’Ujocci

Quel est le programme que vous proposez aux journalistes et surtout au monde des Arts et de la Culture ?

Le renforcement de la formation et du professionnalisme, l’amélioration des conditions de travail, la promotion de la culture ivoirienne, le renforcement des partenariats et réseautage, la digitalisation et innovation, le renforcement de la voix des journalistes culturels sont au cœur de notre vision. Je ne pourrai pas tout détailler ici mais aujourd’hui, la formation s’impose pour revenir aux fondamentaux du journalisme dans un monde où tout le monde pense qu’il est journaliste. Et dans le milieu culturel, c’est très constant. En partenariat avec des experts nationaux et internationaux, nous allons renforcer les compétences des journalistes culturels dans des domaines tels que les grands genres, l’écriture critique, l’analyse, le photojournalisme, la gestion de réseaux sociaux.

Mieux, en plus des journalistes, nous allons offrir des possibilités de formation aux acteurs culturels dans leur diversité sur les codes des industries culturelles et créatives.

Quelle est la place du digital dans votre programme ?

La révolution numérique tient une place importante dans la mesure où elle nous impose des nouveaux médias et de nouvelles façons de traiter l’information numérique. Vous conviendrez avec moi qu’il n’existe plus de magazines culturels-papier sur le marché. Quelques-uns ont muté en site Internet et font l’effort de garder le cap du professionnalisme. Les promoteurs tout comme les journalistes culturels qui y exercent ont besoin de soutien. C’est pourquoi, nous envisageons une vaste campagne de plaidoyer auprès des institutions publiques et des organismes internationaux pour un appui à la transition numérique qui pourrait se traduire par des dons en équipements et des formations dans l’utilisation des outils numériques.

Par ailleurs, aujourd’hui, il y a beaucoup de journalistes culturels qui, malheureusement, n’ont plus de rédaction mais sont très actifs sur le terrain ou ont pris de la distance pour des raisons diverses. Il y a aussi des anciens, des modèles qui sont dans d’autres domaines mais dont la flamme du journaliste de culture est toujours bien allumée. À tous, nous voulons leur offrir une plateforme d’expression afin que les journalistes culturels de Côte d’Ivoire aient eux aussi une voix qui porte dans la grisaille de certains qui se réclament journalistes culturels sur les réseaux sociaux, sans tenir compte de l’éthique et la déontologie du métier.

Sous quelle forme se présentera cette plateforme d’expression ?

Ce sera un véritable portail ouvert sur le monde culturel qui intégrera, l’annuaire officiel des journalistes culturels de Côte d’Ivoire, des contenus spécialisés sur les diversités artistiques (musique, cinéma, littérature, peinture, danse, théâtre etc.) afin d’attirer un public fidèle intéressé par des contenus de qualité. Cette approche permettra de monétiser ce portail à travers des abonnements sur des contenus exclusifs ou des analyses pointues accessibles uniquement aux abonnés. Il y aura aussi la publicité ciblée pour attirer des annonceurs qui souhaitent toucher un public culturellement engagé (institutions culturelles, festivals, éditeurs, etc.).

Les acteurs culturels sont-ils pris en compte dans cette vision ?

Absolument ! Pour les acteurs culturels, nous envisageons la création d’une Marketplace culturelle, un espace où les créateurs, artistes ou institutions peuvent promouvoir leurs œuvres et leur carrière en échange d’une commission sur les ventes ou d’un abonnement. Enfin, nous allons créer une base de données culturelles (Archives, statistiques) et d’une photothèque à consultation payante. L’utilisation de formats multimédia (articles, vidéos, podcasts, webinaires) pour attirer un public plus large, en particulier en tirant parti des plateformes sociales et des chaînes de streaming. Ces formats peuvent attirer des audiences plus jeunes, potentiellement prêtes à consommer du contenu culturel sous différentes formes. Toutes ces actions que nous voulons engager s’inscrivent dans une vision de création d’un véritable modèle économique pour l’Ujocci et partant pour les journalistes de culture de Côte d’Ivoire.

Pensez-vous avoir les atouts pour mener à bien ce programme que vous proposez aux électeurs ?

Bien sûr que oui. D’ailleurs, sachez que pour réaliser de grandes choses, il faut savoir s’entourer et s’encadrer. Il faut également inspirer confiance et avoir de la crédibilité. Sur ces aspects, je pense que je suis bien logé. Grâce à une bonne politique de partenariats locaux et internationaux, nous pourrions y arriver. Dans cette démarche, nous allons mettre en place un Observatoire du journalisme culturel, composé de sommités du journalisme de culture et du monde des arts et de la culture, pour surveiller et documenter les pratiques du journalisme culturel en Côte d’Ivoire, favorisant ainsi une évolution positive du secteur. Il y aura du lobbying pour des politiques culturelles inclusives en plaidant pour une représentation accrue du secteur culturel dans les politiques publiques et pour des initiatives qui renforcent la couverture des arts et de la culture. Enfin, nous allons travailler pour une présence plus accrue de journalistes culturels sur les media (radio et télé) afin d’orienter, éduquer les masses à l’excellence culturelle et de promouvoir les valeurs artistiques. Mais seul, je ne pourrai pas réaliser ce pari. C’est pourquoi j’appelle tous les journalistes de culture à s’inscrire dans notre vision. Car, unis, solidaires et responsables, nous constitueront une force pour faire de l’Ujocci un interlocuteur incontournable et crédible du monde culturel en Côte d’Ivoire et à l’international.

Réalisée par Mamadou Ouattara

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