Pro-Soro devant la justice : « un procès politique » ou point des réquisitions et plaidoiries avant le verdict
Initialement annoncé pour le vendredi 10 février 2023, le verdict du procès en appel des pro-Soro a été renvoyé pour le lundi 13 février 2023. Point des réquisitions et plaidoiries avant le délibéré, avec notamment l’avocat de l’ État de Côte d’Ivoire qui a affirmé qu’il s’agit d’un procès politique, donnant l’occasion à une partie de la défense de lui emboîter le pas sur cet aspect.
« C’est un procès politique », lance l’avocat de l’État de Côte d’Ivoire, constitué partie civile. Au delà de Maître Ben Meïté, qu’est ce que l’accusation a dit , qu’est ce que la défense a apporté comme réplique dans le cadre du procès en appel des proches de Guillaume Soro lors de l’audience de la dernière phase consacrée aux réquisitions et aux plaidoiries le vendredi 10 février 2023 à la cour d’appel du tribunal criminel d’Abidjan ?
Mettant fin aux débats à la suite de la réplique de chacune des parties prenantes à ce procès à savoir l’avocat général, les avocats de l’État de Côte d’Ivoire constitués partie civile, et ceux de la défense, le juge-président, Dembélé Tahirou, a annoncé que le délibéré sera rendu la semaine prochaine. « Les débats sont terminés. La décision pourrait être rendue sur le siège d’après les dispositions légales. Mais la décision peut être rendue à une audience ultérieure. Je voudrais relever seulement une nuance. Une audience peut se tenir sur plusieurs jours. Ce n’est pas parce qu’on change de jour qu’on change d’audience. C’est toujours la même audience. La Cour entend donc mettre le dossier dès à présent pour délibérer pour décision rendue le lundi 13 février prochain à 14 heures », s’est-il adressé à l’assemblée.
Une affaire purement politique, selon Me Ben Meïté
Au cours de ce procès, Me Abdoulaye Ben Meïté, avocat de l’État de Côte d’Ivoire a indiqué que cette affaire relevait en plus de son caractère judiciaire du domaine politique. Car selon lui, les personnalités poursuivies à savoir l’ambassadeur Koné Kamaraté Souleymane dit Soul to Soul, au moment des faits, était une personnalité avec des colorations politiques. « C’est un procès politique parce que Koné Kamaraté Souleymane est un homme politique. Les militaires ont tronqué leurs treillis pour se mettre au service de Guillaume Soro contre l’État de Côte d’Ivoire, donc c’est un procès politique. Générations et peuples solidaires (Gps) est un parti politique donc, c’est un procès politique », a-t-il déclaré. Parlant de Soul To Soul, Me Abdoulaye Ben Meïté a souligné que l’ex-directeur de protocole était « inféodé » à son patron, Guillaume Soro, car il ne réfléchissait que par lui « M. Koné est inféodé à Soro. Il ne réfléchit que pour Guillaume Soro, il faut le condamner. L’État n’a pas de sentiment, son sentiment est la loi », a-t-il ajouté.
Me Abdoulaye Ben Meïté plaide la culpabilité de Alain Lobognon
Dans ses réquisitions, l’avocat de l’État, Me Abdoulaye Meïté a plaidé afin que Alain Lobognon soit reconnu coupable pour les charges de »diffusion de nouvelles fausses et de trouble à l’ordre public » tout en confirmant la privation de cinq (5) années de ses droits civiques comme indiqué par le tribunal correctionnel de première instance dans son délibéré du 23 juin 2021.
La réplique des avocats des accusés
Les avocats des accusés Alain Lobognon et Félicien Sékongo ainsi que ceux des 10 autres détenus ont rejeté les arguments de Me Abdoulaye Ben Meïté. Pour eux, tous les faits retenus à charge contre leurs clients n’ont à aucun moment été prouvés par le ministère public ni par les avocats de l’État. « Le parquet général a reconnu que les faits n’étaient pas constitués. C’est pour cela qu’il a invité la cour à les acquitter . Nous vous prions de bien vouloir suivre M. le président le parquet. Priver Lobognon de ses droits civiques serait lui donner la mort car c’est un homme politique. Il ne sait faire que la politique », a réagi l’un des membres de la défense de l’ex-ministre des Sports. Même son de cloche chez les conseils du Félicien Sékongo.
Les dix autres accusés représentés par Me Souleymane Diallo, Me Touré Kadidja, Gohi Bi Raoul et Ouattara Daouda, ont, de leurs côtés, montré la nécessité de dire le droit dans ce procès en appel. Ils ont recommandé au juge-président et ses assesseurs d’abandonner toutes les charges retenues contre leurs clients en ce sens que tous les accusés sont innocents. « Que ce soit Lobognon, Sékongo, Souleymane et les autres, tous sont innocents. Ils n’ont rien fait », a dit, Me Ouattara Daouda.
Me Diallo reprenant les propos de Me Meïté a dit qu’il s’agit bel et bien d’un procès à caractère politique. « Ceux qui ont basculé, ceux qui ont renié bénéficient de votre mansuétude. Et ceux qui ne l’ont pas fait sont poursuivis. Dans un procès politique parler de droit est embarrassant parce que quand la politique entre dans le prétoire, le droit sort par la fenêtre. Nous sommes bien dans un procès politique », a-t-il martelé. Il a par ailleurs invité les juges de cette cour d’appel à aller dans le sens du droit et à dire le droit en faveur de ses clients.
Touré Abdoulaye avec A. Traoré (Stagiaire)