Réouverture des mosquées dans le Grand Abidjan: L’imam Bachir Ouattara dévoile le mode opératoire et répond aux inquiétudes
Suite à la déclaration faite par le comité de veille de la communauté musulmane relative à la réouverture des mosquées, l’IA a joint au téléphone le dimanche 17 mai 2020, l’Imam Bachir Ouattara président de ce comité de veille. « Le comité de veille a laissé l’initiative à chaque mosquée ou à chaque quartier, de s’organiser et de veiller au respect des mesures barrières . La mosquée d’Aghien a fait un communiqué pour dire qu’il sera difficile pour elle de faire respecter ces mesures-barrières. Donc, la mosquée reste toujours fermée, Ailleurs, ça sera ouvert.
Nous avons laissé la responsabilité à chaque mosquée et à chaque comité de gestion. Cela dépend des mosquées. Par exemple la mosquée de Aghien, la mosquée de la Riviera-Golf, la Riviera 3, la Palmeraie, se demandent : sur les milliers de fidèles, comment vont-elles choisir les 200 pour faire la prière. Comment vont-elles choisir les 200 fidèles sur les 2000 fidèles qu’ils ont les vendredis. Et même la prière de tarawih où ils ont plus de 500 à 1000 fidèles comment vont-ils faire le choix ? C’est difficile. C’est pourquoi, ils ont décidé de ne pas ouvrir et de dire aux fidèles de prier à la maison. Par contre il y’a des mosquées qui n’ont pas cette contrainte. Donc, ces mosquées peuvent le faire en respectant les mesures-barrières », a expliqué l’Imam Bachir Ouattara.
À la question de savoir si un désordre n’est pas à craindre, il a répondu : « On ne craint pas de désordre. Chacun est responsable, chaque imam, chaque comite de gestion, vous avez vu le communiqué nous avons situé les responsabilités de chacun. Et c’est pareil aussi à l’intérieur. Chacun est responsable des décisions qu’il va prendre. Si vous voyez qu’avec l’ouverture de la mosquée, vous ne pouvez pas respecter les mesures-barrières comme nous l’avons dit, alors vous n’ouvrez pas. Il y en a qui se sont contentés de faire seulement les prières obligatoires . Il y a des mosquées qui ont opté pour cela, il y en a qui ont choisi une ou deux qu’ils vont faire, et il y a d’autres qui ont dit qu’ils ne le feront pas parce qu’ils ne pourront pas respecter. Ils risquent peut-être de frustrer certains fidèles par rapport à d’autres ».
Comment les contrôles vont se faire pour ne pas dépasser le nombre de 200 ? À cette préoccupation, l’Imam a donné cette réponse : « Nous avons un comité local dans chaque commune et c’est ce comité qui fait le travail, qui fait le suivi de ce travail en collaboration avec les imams, juste pour les différentes mosquées. Dans toutes les communes et villes nous avons des comités locaux. Ils font ce travail là et ils nous rendent compte de tout »:
À la question de savoir si prier les uns loin des autres sans le rapprochement n’est pas un peu inquiétant et si on peut avoir les mérites de cela, l’Imam a déclaré : « Vous rentrez dans un débat religieux, vous n’êtes pas imam. Même à la Mecque sur les chaînes saoudiennes, ils le font. Dans la religion musulmane lorsqu’il y a des contraintes, on accepte certaines choses. Ce n’est pas une obligation. Celui qui pense qu’il peut prier en laissant la séparation d’un mètre sur sa prière, ce n’est pas lié à l’exaucement ou à l’agrément de la prière ou pas. Ce sont les mesures que le prophète (paix et salut sur lui ) a dit de suivre mais en fonction des contraintes et des circonstances. Il faut faire la séparation d’un mètre, c’est important ». Il a aussi précisé : « Pour les mosquées qui ont décidé de faire les prières , quand vous passez dans ces différentes mosquées, ils ont tracé les mètre de séparation où chaque fidèle vient avec son tapis pour prier . C’est comme cela eux, ils ont procédé. Le comité de gestion a même pris le soin de laisser un espace d’un mètre ».
Est-ce qu’il ne fallait pas attendre deux semaines ou quelques temps pour s’assurer que les lieux de culte ne soient pas des lieux de propagation du virus ? Répondant à cette question, l’Imam Bachir Ouattara
a déclaré : « Nous sommes dans un pays laïc, et vous avez vu le communiqué des chrétiens. C’est le même communique qu’ils ont fait sur le respect des 200. C’est la responsabilité de chacun, fidèle, imam, comité de gestion, et guide religieux. Donc, on ne doit pas empêcher qui que ce soit. Mais, les gens doivent, eux-mêmes, respecter les mesures-barrières, à défaut, ils ne feront pas de prière. Si nous disons qu’il ne faut pas ouvrir les mosquées, les gens diront : « le gouvernement a allégé les mesures mais pourquoi vous empêchez d’aller ouvrir les mosquées ? ». Toutefois, nous mettons le respect des mesures-barrières. Si chaque mosquée ne peut pas respecter ce n’est pas la peine. Cela fait deux mois que les mosquées sont fermées. Donc attendre jusqu’au 31 mai pour dire que peut-être qu’il y aura un changement, ce n’est pas un problème ».
M. Ismaila