Politique

Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara, la promesse d’une stabilité ambitieuse

À quelques jours de l’élection présidentielle, Alassane Ouattara présente un programme qui tient autant du bilan revendiqué que de la promesse projetée. Intitulé ADO 2025 – Pour une grande Côte d’Ivoire ambitieuse et solidaire, le texte repose sur six piliers : sécurité, capital humain, infrastructures, agriculture, industrialisation et gouvernance.

Continuité d’un récit de stabilité

Depuis 2011, le chef de l’État s’est imposé comme l’artisan du redressement post-crise. Il revendique une croissance moyenne de 7 %, une électrification à 95 % du pays, une multiplication par trois du nombre d’universités et la généralisation progressive de la Couverture Maladie Universelle. Dans son programme, il promet d’achever cette trajectoire en garantissant à la fois sécurité intérieure et solidité institutionnelle.

Dans une sous-région fragilisée par le terrorisme et les coups d’État, cette promesse fonctionne comme un argument différenciateur : la Côte d’Ivoire se présente comme un îlot de stabilité dans un Sahel secoué.

Miser sur la jeunesse, talon d’Achille et ressource électorale

Avec plus de 70 % de la population âgée de moins de 35 ans, la jeunesse constitue la cible prioritaire du programme : digitalisation de l’éducation, recrutement massif de médecins et enseignants, création de fonds d’insertion et d’entrepreneuriat. Le pari est clair : transformer le poids démographique en dividende économique.

Comparativement au Ghana voisin, qui mise aussi sur la technologie et l’éducation pour diversifier son économie, la Côte d’Ivoire affiche une ambition plus volontariste mais se heurte au même défi : créer des emplois réels, au-delà de la formation.

Infrastructures et industrialisation : la vitrine ivoirienne

Métro d’Abidjan, TGV vers Bouaké, ports modernisés, couverture 5G nationale et lancement d’un satellite ivoirien. L’infrastructure est la signature visible du Ouattarisme. À l’image du Rwanda ou de l’Éthiopie, Abidjan se rêve en hub logistique et numérique régional. Mais le financement de ces projets colossaux repose largement sur la dette, ce qui alimente les interrogations des observateurs internationaux.

Agriculture et souveraineté alimentaire

Cacao, anacarde, riz, manioc : le programme insiste sur la modernisation agricole et la transformation locale. Objectif : 50 % de transformation du cacao d’ici 2030, 70 % pour l’anacarde, 100 % pour l’hévéa. Cette stratégie s’inscrit dans la dynamique continentale, de Dakar à Abuja, où l’autosuffisance alimentaire est désormais une priorité géopolitique.

Gouvernance et transparence : l’argument sensible

Le discours promet une administration modernisée, une lutte accrue contre la corruption et une Côte d’Ivoire influente dans les affaires régionales. Mais c’est là aussi le point de vulnérabilité du projet : les opposants ne manqueront pas de rappeler que la gouvernance reste un talon d’Achille, malgré les progrès enregistrés aux indices internationaux.

Une offre électorale lisible, mais exigeante

Le programme d’Alassane Ouattara se distingue par sa cohérence : stabilité sécuritaire, jeunesse comme levier, infrastructures comme vitrine, agriculture et industrialisation comme moteurs. Mais son succès dépendra de deux conditions : la soutenabilité budgétaire et la capacité à redistribuer équitablement les fruits de la croissance.

Dans un environnement sous-régional où l’instabilité gagne du terrain, le candidat mise sur un contraste : la Côte d’Ivoire comme modèle de résilience et d’ambition partagée.

Par Norbert KOBENAN

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