JO Paris 2024 – Firmin Zokou : « On a la possibilité de décrocher trois médailles »
Taekwondo’in ivoirien, âgé de 40 ans, Zokou Firmin s’est reconverti depuis quelques années en préparateur mental. Dans cet entretien, il analyse les chances des Ivoiriens à Paris dans le cadre des Jeux Olympiques.
Depuis un peu plus de quatre ans, l’on n’entend plus parler de Zokou Firmin. Que devient-il ?
Nous avons ouvert la voie à la jeune génération, mais cela ne signifie pas que nous avons complètement disparu. J’ai toujours aspiré à être un acteur-clé dans le domaine du sport, en particulier dans le taekwondo en Côte d’Ivoire. Pour atteindre cet objectif, il était nécessaire que je me forme. Au cours de ces quatre dernières années, j’ai suivi diverses formations, toutes axées sur le sport et la performance. Je suis titulaire d’un diplôme de préparateur mental, obtenu en 2021. Aujourd’hui, j’exerce en tant que préparateur mental en France, au sein de clubs sportifs et d’entreprises, ce qui constitue mon activité principale. Cela fait maintenant 18 ans que j’enseigne et je continue à transmettre mes connaissances. Je me suis également spécialisé dans la self-défense, animant des stages et des séminaires sur ce sujet. Voilà ce que fait Zokou Firmin depuis quatre ans.
C’est quoi le rôle d’un préparateur mental ?
Le rôle du préparateur mental consiste à faire prendre conscience des capacités et des faiblesses de l’athlète. Il fournit les outils nécessaires pour permettre à chacun de se transcender au moment choisi. Le préparateur mental est présent pour accompagner l’athlète tout au long de son parcours. Il existe plusieurs domaines dans lesquels il peut intervenir. Il peut être sollicité dès le début d’une préparation afin de mettre les athlètes dans un état d’esprit propice à la confiance. Cependant, la plupart du temps, son intervention se fait lorsque l’athlète rencontre un blocage.
Pour les Jeux de Paris, Zokou Firmin a-t-il été sollicité par les sélections ivoiriennes pour booster le mental des athlètes ?
En effet, nous collaborons étroitement. La Fédération ivoirienne de taekwondo accorde sa confiance à ses anciens athlètes. Sébastien Konan occupe le poste de Directeur technique national, tandis que Thierry Koné est entraîneur national. Tous deux ont une expérience de la compétition, tout comme moi. La Fédération leur fait confiance, tout comme elle me fait confiance également. J’ai été sollicité par de nombreux athlètes pour leur apporter des conseils, une démarche que j’ai toujours adoptée. Ce processus n’a jamais cessé. Aujourd’hui, ma mission consiste à préparer les athlètes à concourir en les aidant à atteindre le summum de leurs compétences psychologiques et mentales.
Est-ce qu’en espèce, vous échangez avec nos trois taekwondo’ins ivoiriens ?
Pas aussi souvent que je le souhaiterais, en raison des décalages horaires. En tant que préparateur mental, je collabore avec les entraîneurs, la direction et le staff technique. C’est à eux de décider de la stratégie à adopter. Je n’échange pas directement avec les athlètes, mais un processus est déjà en cours. Nous sommes en discussion avec les dirigeants pour obtenir un accès régulier et récurrent aux athlètes.
Comment vous vivez ces Jeux Olympiques de Paris 2024 ?
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 étaient attendus depuis longtemps. La Côte d’Ivoire, en tant que pays francophone, se sent presque chez elle. C’est une excellente opportunité. Après la CAN organisée en Côte d’Ivoire, ces Jeux représentent une occasion unique de valoriser l’image du pays.
Zokou Firmin, ces Jeux sont relevés. Pensez-vous que les trois représentants ivoiriens peuvent être à la hauteur de la compétition pour réaliser les performances de 2016, 2022 ?
Évidemment ! Ce n’est pas une question de chauvinisme, mais d’analyse. D’après ce que j’observe, le potentiel est là pour performer. Pour nos trois athlètes, nous avons la possibilité de décrocher trois médailles. Pour y parvenir, la confiance est essentielle. Si le travail accompli par le président et le staff technique est bien structuré, il ne devrait y avoir aucun problème.
Quels messages pouvez-vous laisser aux athlètes en compétition ?
Je leur conseille de se concentrer sur ce qu’ils savent faire. À l’exception d’Astan, qui participe pour la première fois, les autres, Cheick Salah et Ruth Gbagbi, ont déjà fait l’expérience du stress et de l’engouement liés à la compétition. Il n’y a pas grand-chose à leur dire. En ce qui concerne Astan, je lui recommanderais de s’en tenir à ses compétences. Elle possède une grande capacité et un avantage certain par rapport à ses adversaires, qui sont généralement de petite taille et moins souples qu’elle. Elle a de nombreux atouts. Elle devrait faire confiance au coaching qui lui a permis de se qualifier et s’appuyer sur le soutien du staff technique.
Les regrets de ne pas avoir participé aux Jeux Olympiques après une carrière bien remplie sont toujours présents pour vous ?
(Il sourit). L’objectif d’un athlète est de participer aux JO. Bien sûr, j’éprouve une certaine amertume de ne pas avoir foulé le tatami olympique, d’autant plus que je suis convaincu d’avoir toujours le niveau, et je l’ai encore. Je n’ai pas de regrets, mais une tristesse, car j’ai donné tout ce que je pouvais. Des circonstances m’ont empêché de participer aux Jeux Olympiques. Cependant, aujourd’hui, je suis champion d’Europe en titre et champion de France.
Ange Kouadio