Commentaire-Baba Diallo et nous, par Wakili Alafé (13 mai 2019)
Nous publions à nouveau ce texte écrit en mai 2019 en hommage au patriarche Abdoulaye Diallo, décédé aux premières heures du lundi 6 mars 2023, 3 jours après avoir eu 95 ans . À Dieu, il est retourné comme ses enfants et tous ceux qui l’ont précédé. Comme nous le suivrons tous , car à Dieu nous appartenons tous en réalité !
» Par ces temps qui courent en Côte d’Ivoire , Baba Diallo a pu rassembler de son vivant , autour de l’hommage qui lui a été rendu, toutes les sensibilités politiques du pays. Cela est à signaler, car ce n’était pas évident. Même les cérémonies à caractère national et non partisan comme la fête nationale, ou encore la journée de la paix, n’ont pas toujours ni souvent permis ces dernières années , la présence de toute la classe politique, et de toutes les sensibilités politiques du pays.
En réussissant à titre costume, c’est à dire, alors qu’il est encore vivant et bien portant , ( et non à titre posthume ), à recevoir l’hommage croisé du samedi 11 mai 2019, Baba Diallo montre qu’il est un homme au service de la Côte d’Ivoire et de la Nation. Il montre aux yeux de tous qu’il reste un symbole, un trait d’union, un repère. En même temps qu’il faut saluer cela, il faut souhaiter que dans notre pays les figures rares (elles sont rares, mais existent bien ) comme le doyen Diallo , parce qu’elles sont à l’abri du besoin et des batailles politiciennes et partisanes, soient de plus en plus écoutées et même consultées.
En voyant l’hommage du samedi, et la présence de toutes les sensibilités politiques , on s’interroge à nouveau : comment avons-nous fait pour aller au loin dans le pire en 2010-2011, pourquoi depuis 1999, et après la disparition du Président Houphouët-Boigny sommes-nous entrés en crise , pourquoi à l’approche de 2020, y’a-t-il encore ce sentiment de peur dans la ville, et cette volonté d’en découdre chez certains?
Si les sages du village comme Baba Diallo sont là, et que les fils du pays continuent de s’entretuer, que va-t-il se passer lorsque les bibliothèques vont brûler ? La balle est certes dans le camp des moins âgés qui doivent écouter les sages, mais elle réside également dans la capacité d’écoute , dans la force de persuasion, et dans le refus du silence complice des doyens et sages. Être célébré par tous, exige une responsabilité à l’égard de tous . Baba Diallo est un repère et un guide pour tous. Il n’appartient pas à un clan. Il appartient à la Côte d’Ivoire. C’est une contrainte pour lui et les siens , mais c’est surtout un privilège que d’être aimé de tous, et par tous, dans cette Côte d’Ivoire en conflit avec la paix sociale, avec le bon ton dans la parole public , avec la fraternité… »,
In l’intelligent d’Abidjan du 13 mai 2019