Association des promoteurs de spectacles de Côte d’Ivoire – Victor Yapobi, président : “Le secteur est mort : ce que la ministre Raymonde Goudou Coffie nous a dit”
Président de l’Association des promoteurs de spectacles de Côte d’Ivoire (Aprosci), Victor Yapobi expose dans cette interview les difficultés que vit leur secteur. Vos activités sont à l’arrêt à cause du Coronavirus. Quel état des lieux faites-vous?
Effectivement, depuis le 16 mars 2020 dernier, suite aux décisions de l’État d’interdire toute manifestation de plus de 50 personnes, cette interdiction nous touche particulièrement, nous qui sommes dans le domaine de la culture. Quand je parle de la culture, c’est de la culture en gros et plus particulièrement dans le domaine du spectacle et dans l’organisation de l’événementiel. Nous avons interdiction d’organiser une quelconque manifestation. Ce qui fait que le secteur n’est pas sinistré, mais, il est mort. On peut employer ce terme-là. Il est mort, puisqu’il n’y a même pas une seule voie, il n’y a pas un aménagement qu’on peut faire pour engranger quelques sous pour pouvoir subvenir. Donc, dans ce cadre-là, les membres de l’Association des promoteurs de spectacles de Côte d’Ivoire (Aprosci), compte tenu de ce que nous vivons aujourd’hui, m’ont demandé de mener des actions pour rencontrer les ministres, les autorités afin de trouver une solution comme le gouvernement le fait dans beaucoup de domaines et secteurs d’activité. Parce que le secteur de l’événementiel, c’est aussi une profession, un métier et il est difficile pour nous de continuer à survivre et de continuer à payer nos employés, assurer nos charges. N’oubliez pas que nous avons des charges mensuelles comme toute entreprise. Nous avons des salariés. Nous employons beaucoup de personnes. Je pense qu’après le secteur de l’hôtellerie, nous sommes le deuxième secteur qui emploie le plus de main d’œuvre et de personnel. Donc, dans ce cadre-là, nous avons souhaité, comme dans d’autres domaines, que l’État puisse nous apporter une aide pour nous permettre, non pas de mettre nos activités en marche, mais au moins de survivre en attendant la reprise de nos activités. Voilà en gros le souci que nous rencontrons.
L’Aproci compte combien de membres ?
L’Aproci, à l’heure d’aujourd’hui, compte 132 membres qui sont affiliés. C’est la seule et la plus importante association dans le domaine de l’événementiel et de l’organisation de spectacles. Et nous avons des personnalités dans nos rangs. Nous avons, les membres influents, Koné Dodo, directeur du palais de la Culture, Joseph Niamké, le manager de Niamké, nous avons Don Karim, Claude Bassolé. Au niveau de la communication, Yves de MBella. Donc, c’est vraiment un bureau qui est étoffé. Nous allons nous réunir très bientôt pour continuer à voir quelles sont les actions que nous pouvons mener pour nous faire entendre et que l’État de Côte d’Ivoire nous vienne en aide soit, par une subvention ou une aide quelconque.
Quelles sont les propositions que vous avez à faire à l’État pour la relance de vos activités quand on sait que votre secteur génère beaucoup de revenus et emploie surtout beaucoup de monde?
C’est bien pour ça, comme vous le savez, il emploie beaucoup de monde. Et quand on ne peut pas en gagner, on ne peut pas en distribuer. Notre préoccupation, c’est qu’on puisse nous venir en aide, qu’on puisse nous apporter une subvention pour pouvoir permettre à tous ceux qui travaillent dans ce secteur-là de pouvoir tenir le coup en attendant la réouverture des manifestations en Côte d’Ivoire.
Actuellement, comment gérez-vous les salaires de vos employés ?
Mais, on ne gère pas ! Il n’y a pas d’argent !!! On a essayé pendant deux mois de leur donner quelque chose pour survivre. Ils ne vivent pas. C’est pour ça que nous faisons cet appel parce que nous n’avons plus les moyens de répondre à leurs attentes pour qu’ils puissent survivre et non de faire autre chose. C’est vraiment les moyens de subsistance.
Que deviennent les intermittents du spectacle?
Tous ceux-là font partie comme je viens de le dire tout à l’heure du domaine du spectacle. Il y a des emplois directs dont les intermittents de spectacle qui sont des gens importants, nombreux dans la profession et qui dépendent que de nous. Voilà un peu. C’est pour ceux-là particulièrement que nous nous battons pour que nous puissions leur venir en aide si l’État entend nos cris de détresse.
Mais, s’il y avait des propositions à faire à l’État, que lui proposeriez-vous?
Qu’il puisse nous envoyer une aide substantielle afin de pouvoir résoudre les problèmes quotidiens de tous ces intermittents de spectacle qui sont à nos côtés et qui tous les jours, nous regardent en nous tendant la main.
Tout dernièrement, vous avez eu une rencontre avec le ministre de la Culture et de Francophonie par intérim Mme Raymonde Goudou Coffie. Avez-vous eu satisfaction?
Elle nous a bien reçus. Elle a bien compris nos doléances. Malheureusement, elle nous a fait comprendre qu’elle aurait des difficultés à nous trouver des subventions pour nous permettre de tenir nos doléances. Elle nous a demandé de nous retourner vers le ministère qui s’occupe des Petites et moyennes entreprises (PME) afin de voir si dans la mesure du possible, l’enveloppe qui a été dégagée, une petite partie peut nous être apportée pour pouvoir permettre de survivre et faire survivre tous nos intermittents de spectacle qui sont à nos côtés.
Avez-vous un cri du cœur?
Le cri du cœur, c’est le cri que les membres de mon association et les intermittents de spectacle sont en train d’émettre pour pouvoir survivre et subvenir à leurs besoins dans cette période difficile. Comme je l’ai dit, le secteur n’est pas sinistré, il est complètement mort. Mon souhait, que nous puissions survivre et attendre des jours meilleurs afin de donner, nous espérons à la sortie de cette crise, peut- être, un super-méga concert à la population gratuitement. Ce sera notre contribution, puisque nous aurons amené notre cœur à cela. Nous restons ouverts à tout promoteur de spectacle en Côte d’Ivoire.
Interview réalisée par M. Ouattara