Éléphant un jour, éléphant toujours : ce que L’Intelligent d’Abidjan écrivait après la défaite en 2012 face à la Zambie
Que disait L’Intelligent d’Abidjan le 14 février 2012 après la finale de la coupe d’Afrique des Nations de football perdue par les Éléphants de la Côte d’Ivoire face à la Zambie ?
Supporter les Éléphants n’est pas un rendez-vous uniquement pour le meilleur . Il faut faire avec les défaites, pour ne pas dire faire avec le pire. C’est ce que disait entre autres, le décryptage fait en 2012 par L’Intelligent d’Abidjan après la défaite en finale face à la Zambie, il y’a douze ans. En cette période, la rediffusion du texte qui était aussi un plaidoyer pour la réconciliation et le rassemblement, est d’actualité.
« La Côte d’Ivoire perd, les Zambiens champions d’Afrique
Merci à tous sans oublier de tirer les bonnes leçons de la défaite !
MERCI À TOUS
! Merci à François Zahoui, merci à Didier Drogba, merci à l’encadrement administratif dirigé par Sidy Diallo. Merci au président de la République, qui a cru, qui a osé ! Il a sauté au penalty obtenu par Gervinho. Jusqu’au bout, il est resté dans l’espoir, se transformant d’Adosolution, en Adoconsolation.
Il fallait que le chef de l’Etat soit là, pour apaiser la douleur de l’échec auprès des joueurs en larmes, malheureux d’avoir échoué si près du but, comme en 2006.
Merci et félicitations pour le spectacle, pour l’émotion. Bravo et félicitations à la Zambie ! Merci aux supporteurs ivoiriens pour avoir cru jusqu’au bout ! Merci aux pro-Gbagbo d’avoir supporté les Eléphants sur le tard et un peu sur le bout des lèvres. Merci à certains d’avoir osé écrire que la défaite est la colère de Dieu, et une sorte de justice rendue à Laurent Gbagbo, ainsi qu’aux prisonniers. Merci à ce mystique malien, qui avait prédit que le vainqueur aurait dans son camp, deux frères. On n’avait pensé qu’aux frères Ayew et aux frères Touré. Et on avait oublié les frères Katongo ! Merci de ne pas céder à la colère et de croire en nos joueurs, de voir les efforts qu’ils ont faits.
Merci de comprendre et accepter la défaite ; merci d’être fair-play.
Merci de savoir que si nous avons mal, c’est parce que nous y avions trop cru, et que nous n’avions pas pris assez de réserve et de recul.
Nous avions perdu le sens de l’humilité et de la modestie. Les succès et les performances nous ont galvanisés. On a tout préparé pour la victoire, en tant que supporters passionnés.
Merci aux uns et aux autres de comprendre que nous devons tirer les leçons du passé : à savoir ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. C’est important que l’on se mette au travail.
La principale leçon à retenir, que ‘’L’Intelligent d’Abidjan’’ a toujours écrite depuis 2006, après la défaite en finale au Caire, est celle- ci : impossible et difficile de gagner tous les défis et grands rendez-vous, si un seul Ivoirien sur 22 millions est malheureux ! Un seul vilain sentiment peut tout bloquer, et tout gâcher. Les autorités ivoiriennes, si elles veulent que la Côte d’Ivoire gagne toujours, doivent saisir la finale perdue, pour donner un coup de pouce à la réconciliation nationale.
La victoire devait nous réconcilier.
On n’a pas gagné. Toutefois, la défaite ne doit pas nous diviser davantage. Au-delà des querelles politiciennes et partisanes, la défaite doit être l’occasion de nous élever et de nous réconcilier. La défaite doit avoir les mêmes effets que la victoire. Même si elle est orpheline, la défaite peut être un facteur de mobilisation. Merci de comprendre cela et de saisir la perche ! Ils sont nombreux ceux qui ne souhaitaient pas la victoire. Ne nous voilons pas la face et la vérité ! Il ne s’agit pas de les vilipender, mais de tenter de les comprendre, et de créer les conditions d’apaiser leur ressentiment. C’est à ce prix que tous, nous aurons une Côte d’Ivoire vraiment rassemblée !
Merci aux larmes de Ouattara, des larmes qu’on ne verse que quand on est dans une relation de coeur et de sincérité avec le peuple et sa Nation. Alassane Ouattara est un homme, un humain ! Que ses larmes moquées par ses adversaires soient une source de motivation nécessaire, pour aller de l’avant dans sa volonté de rassembler et réconcilier les Ivoiriens.
Nous ne gagnerons pas durablement
si les graines de colère demeurent
! Merci encore aux uns et aux autres.
Vive les Eléphants ! A
nous deux la Can 2013 ! A nous deux, la normalisation, la paix et la réconciliation ! »
Charles Kouassi