Politique

1ère interview après 3 ans – Charles Gnaoré déballe ses vérités : “Je suis le seul député élu deux fois de suite, dans deux localités différentes”

Décembre 2018 – Novembre 2021 : voici donc à peu près 36 mois que Charles Gnaoré n’avait pas accordé d’interview à un média ivoirien. Le Président du mouvement Force 2015 s’était muré dans le silence. Après trois années d’activités sans interview ni entretien formel avec un média, Charles Gnaoré, rompt le silence à la faveur de l’actualité socio-politique. Entretien exclusif avec L’Intelligent d’Abidjan !

Que se passe-t-il pour que vous soyez devenus silencieux ?

Je ne sais pas ce que vous appelez devenir si silencieux. Sinon, Charles Gnaoré est toujours sur le terrain. Je suis toujours en vitalité. Je suis toujours dans la mouvance du moment. Mais, à un certain moment, on crée son cadre pour avancer.

On sait que vous avez battu le pavé durant plusieurs années avec votre mouvement “Force 2015”. Pourtant aujourd’hui, on ne vous entend plus. Et on apprend même que vous êtes en colère contre le RHDP, votre parti politique. Est-ce vrai ?

Laissez-moi rire ! Moi Charles Gnaoré, je suis fâché contre qui ? Le RHDP ? Jamais ! Je serai le dernier militant à me fâcher contre le RHDP. Pour moi, le RHDP est incarné par une seule personne, c’est Alassane Ouattara. Je suis un de ses disciples. Je suis le premier enfant politique d’Alassane Ouattara. Et dans mon entendement, je viens même avant David Ouattara ( David Ouattara, le fils biologique du Président Alassane Ouattara : Ndlr ). J’ai connu la vie d’Alassane Ouattara, avant même qu’il ne soit candidat. J’étais à Bonérédougou à Dabakala, une localité qui n’est pas éloignée de Kong. Mon père y travaillait et m’a parlé de Alassane Ouattara qui à l’époque, était Gouverneur de la BCEAO. Je l’ai aimé lorsqu’il est arrivé comme Premier ministre. Je ne suis pas dans les calculs politiques. Pour moi, la lutte n’est pas encore terminée. Le Président Alassane Ouattara est aujourd’hui au pouvoir. Il a levé tout ce que je pouvais avoir comme doutes sur lui. Il a montré qu’il est l’incarnation de la Côte d’Ivoire achevée. Je n’ai pas à me morfondre dans ce parti politique qu’il a lui-même voulu. Je dis que Charles Gnaoré n’est jamais fâché. Il est dans la dynamique du Président Alassane Ouattara. D’ailleurs, c’est ce parti politique qui a permis à Charles Gnaoré, après Bouaké, de devenir député de N’Douci-Gbolouville, une zone qu’on disait acquise à l’opposition, alors qu’il n’en est rien. Car nos parents sont reconnaissants à l’égard de ceux qui sont avec eux. C’est-à-dire, reconnaissants à l’égard du président Alassane Ouattara, à travers son modeste et infatigable messager Charles Gnaoré, que j’ai l’honneur d’être.

Malgré tout ce que vous dites , des informations persistantes font état d’une frustration de votre part, à cause du fait que vous n’avais pas été nommé à un poste de responsabilité important dans l’administration publique ?
Qu’entendez-vous par “Poste de responsabilité un important dans l’administration publique ”?

Au fait, plusieurs cadres issus du RHDP ont été promus à des postes de responsabilité dans l’administration ou au sein même du parti alors que vous, qui avez battu le pavé, vous n’êtes toujours pas nommé.
Écoutez, je ne suis pas un vaurien. J’ai des aptitudes scolaires, universitaires, politiques et professionnelles correctes. Je me suis créé moi-même, à l’image d’Alassane Ouattara. Il est vrai que je peux être mécontent d’un certain nombre de choses mais…

Lesquelles par exemple?

Je n’ai pas besoin de quémander un poste auprès de mon père Alassane Ouattara. Il m’a permis d’être député de la nation. N’empêche que c’est une chose normale de penser que je peux aller au-delà de cela. J’imagine la Côte d’Ivoire après Alassane Ouattara. Il faut que nous ayons des gens qui ont une conscience morale pour préserver ses acquis. Pour moi, être intellectuel, c’est avoir de bonnes mœurs. C’est être à l’image d’Alassane Ouattara. C’est-à-dire, quelqu’un qui veut construire. C’est pourquoi je ne viens pas quémander un poste, mais je suis demandeur d’un poste pour dire à mon père Alassane Ouattara que, là où on va, l’intérêt pour nous qui n’avons connu que lui comme notre référent politique, c’est de préserver son image. Nous ne demandons pas de l’argent. Nous voulons défendre sa vision. Il s’agit d’un devenir. C’est en cela nous demandons à aller plus loin que le poste de député, pour servir la nation ivoirienne.

Alors, ça serait quoi cette fonction idéale qui vous permettra d’accomplir effectivement cette mission?

Je suis déjà député. J’ai un bonne situation matérielle liée à cela. Mes populations se reconnaissent en moi. Je leur apporte en retour ce que je peux comme aide. Mais je dis que la politique, ce n’est pas de l’illusion, et vous devez le comprendre.

Vous étiez député de Bouaké, avant de venir vous retrouver subitement député à N’Douci Gbolouville. Avez-vous été chassé de Bouaké ?

( Éclat de rire ! ). Je voudrais vous arrêter ! Je suis venu de Bouaké à N’Douci pour faire comprendre à mes parents Abbey, qui étaient dans l’opposition, qu’à travers leur fils que je suis, je suis prêt à tout pour leur bien-être. Le Président Alassane Ouattara vient leur apporter le développement. Et mes parents l’ont compris. C’est pourquoi j’ai été élu député de la nation. Ce n’est pas du triomphalisme béant, mais c’est une réalité de dire que je suis le seul député en Côte d’Ivoire, qui a été élu deux fois de suite, dans deux localités différentes. Les gens n’en parlent pas, peut-être parce que je constitue un problème pour eux. Mais je ne constitue pas un problème pour Alassane Ouattara. Lui, il voit tout. Il sait tout. Et moi, tant que de ma position, je pourrai aider au développement de ma localité N’Douci Gbolouville, avec à mes côtes mon aîné et mon chef, Pierre Dimba, je suis prêt. Mais je dis qu’un militant, quand il devient un leader, a besoin de beaucoup plus d’opportunités, de personnalités et de moyens. C’est une réalité. Il ne faut pas qu’on se leurre. La politique, c’est le quotidien des humains. Si on veut être à l’image des grands pays développés, il faut faire de la place à ceux qui se battent de jour comme de nuit à faire triompher l’idéologie du parti et du leader. Et moi, je suis dans ce rôle. Je dis à mon père Alassane Ouattara que j’ai juste besoin d’un coup de pouce, afin de l’aider à être plus fort dans ma localité et à travers tout le pays.

Selon nos informations, le RHDP sera bientôt reconstitué, restructuré. Les cartes seront donc rabattues au niveau des postes. À quel niveau de responsabilité voudriez-vous servir au niveau de votre parti ?

Je veux servir Alassane Ouattara au niveau du terrain ! Le terrain, c’est là où on vous met comme responsable. Et quand vous arrivez à conquérir cet espace, il faut qu’on vous donne les moyens et le pouvoir d’aller au-delà de cet espace. Il ne faut pas qu’on nous laisse faire la politique dans un enclos. La restructuration du RHDP, c’est la vision du président Alassane Ouattara et je suis dans cette dynamique. Notre façon à nous de l’accompagner, c’est la conquête minutieuse du terrain.

Cette restructuration du RHDP était-elle vraiment nécessaire ?

C’est plus qu’une nécessité. Figurez-vous que nous, au poste que nous sommes, les militants se plaignent. Et nous-mêmes, nous nous plaignons. Je répète, il faut mettre en avant les hommes de terrain. Seuls les hommes de terrain feront la différence dans notre bataille politique et dans la pérennisation ainsi la survie de l’image d’Alassane Ouattara.

Avez-vous l’impression que des gens travaillent au sein du RHDP pour vous étouffer, et surtout empêcher que le Président Alassane Ouattara vous entende ?

Je ne suis pas dans les impressions. Je suis dans une dynamique qui est la vision d’Alassane Ouattara, mon père politique, et de son parti politique. Pour moi, toute chose est utile. C’est pourquoi, en tenant compte de l’adversité, nous devons renforcer notre position de leader en renforçant cette dynamique tout en travaillant au positionnement de ceux qui ont la maîtrise du terrain.

Mais dites , pourquoi malgré votre parcours politique vous n’avez été nommé à aucun poste. Ni au niveau de la jeunesse du RHDP, ni dans l’administration publique. Pourquoi…

Là où l’on dit que : “tout ce que Dieu fait, est bon”, je dirai pour une fois que, ce n’est pas vrai. Je reconnais avec vous que j’aurais bien voulu être président de la jeunesse du RDR en son temps pour impulser une nouvelle dynamique, une force. Mais ce n’est pas parce que je ne l’ai pas été, que Dah Sansan qui l’a été, et qui est actuellement le président de la jeunesse du RHDP, est pour moi mauvais. Qu’est-ce qu’on fait pour que cette structure des jeunes soit forte ? Que faire pour que cette structure de jeunes gagne d’autres jeunes en dehors du parti ? Je pense qu’il y a des limites. Mais je crois que si l’opportunité m’était donnée, à un certain niveau, d’exprimer ma qualité et la capacité, à soutenir le président Alassane Ouattara et le RHDP, je le ferai. Je ne parle pas de la jeunesse, parce que je suis en train de sortir de cette classe d’âge. Je ne veux même plus penser à cette jeunesse tant que je n’aurai pas les pouvoirs et les aptitudes de la diriger et de lui montrer mes aptitudes nécessaires pour conserver le pouvoir. Notre seul objectif, c’est la conservation du pouvoir. Et seul Alassane Ouattara peut nous y aider. Alassane Ouattara est un être humain. Nous savons qu’il va vivre longtemps. Mais nous savons qu’un jour, il va faire de la place au niveau politique. Mais qui va suivre ? C’est là que nous appelons à compter sur l’action du terrain. Qui sont ses hommes de terrain ? Est-ce forcément des ministres, des DG ou des présidents d’institutions ? Je dis non ! Les hommes de terrain, ce sont ceux-là que les militants de la base ont pris pour en faire des leaders. Simplement parce qu’ils ont pour eux, la maîtrise du terrain et la promptitude de l’action.

Vous appelez à mettre en action des hommes de terrain. Pourtant, en 11 ans de pouvoir, on n’a jamais assisté à une action d’envergure de grande mobilisation de la jeunesse du RHDP. Aucun meeting, aucune action palpable sur le terrain….Comment expliquez-vous cela ?

Ce n’est pas à moi de répondre à cette question. Demandez-moi plutôt pourquoi, moi Charles Gnaoré, je n’ai jamais organisé une manifestation d’envergure pour Alassane Ouattara. Je vous répondrai simplement que c’est parce que je n’ai pas de moyens. C’est tout ! Je suis issu d’une famille très pauvre. Je suis devenu député grâce à Alassane Ouattara et le RHDP. Ça s’arrête là. La justification de l’action vient des moyens. C’est tout simple!

Si aujourd’hui vous rencontrez le Président Alassane Ouattara, que lui direz-vous ?

Je dirais : “Papa, je vous aime. Vous êtes un père et un modèle pour moi. Vous faites et vous ferez beaucoup pour la Côte d’Ivoire. D’ailleurs, nous nous demandons qui après vous pourrait poursuivre vos actions. Mais avant cela, nous avons envie de travailler pour vous. De montrer à travers vos actions que vous êtes le Président tant attendu, le messie, le prophète tant attendu après Félix Houphouët-Boigny. Papa, je suis Charles Gnaoré. Vous avez permis que je sois député de la nation. Je suis avant tout le porte-parole des populations de N’Douci et Gbolouville. Cela me grandit. Mettez moi à l’épreuve à travers d’autres challenges, d’autres charges. Je suis là pour vous servir”.

Que pensez-vous de la création de l’Union du Grand Nord ( UGN ) qui fait grincer les dents actuellement au sein de la classe politique ?

Je suis issu de plusieurs communautés, dont le Nord-Ouest avec la région du Béré. Une Union du Grand Nord s’est constituée, pourquoi voulons-nous en faire un problème? Avant cette Union du Grand Nord, on a vu l’Union du Grand Ouest, il y a eu l’Association des cadres et élus du Grand Centre. Pourquoi celle du Nord devrait-elle créer un problème ? Chacun de nous est libre d’appartenir à l’organisation de son choix. L’intérêt de tout cela, c’est de faire de la Côte d’Ivoire une nation forte par la contribution de ses filles et de ses fils.

Si les gens en parlent, c’est certainement en raison du souvenir de la rébellion armée de 2002 qui avait pris cette zone Nord comme sa base arrière …

Elle était certainement basée au Nord, mais cette rébellion n’était pas constituée uniquement des fils du Nord du pays. Les acteurs de la rébellion venaient de toutes les régions. On y trouvait des gens de tous les groupes ethniques. Il faut que chacun se départisse d’un certain nombre de considérations pour que le pays avance. Construire une nation, c’est ce qui est bien pour nous.

Mais il se trouve que vous n’étiez pas présent à Korhogo pour l’AG Constitutive de l’UGN….Pourquoi ?

Effectivement, je n’étais pas à Korhogo, simplement parce que j’étais à N’Douci Gbolouville. Je suis certes fils du Nord, mais Bouaké et N’Douci Gbolouville m’ont apporté beaucoup, beaucoup.

Quelle note pouvez-vous attribuer à l’action gouvernementale du Premier Ministre Patrick Achi, sur une barre de 10. Et que pensez-vous de lui depuis qu’il est à la Primature ?

Je ne suis pas dans les notations. Pour moi, quand le Président Alassane Ouattara désigne un Premier ministre, il ne met en avant que la compétence et la valeur. Il l’avait fait avec Amadou Gon Coulibaly que je considérais comme un père pour moi. Il y’a eu mon grand frère chéri Hamed Bakayoko. Il en est de même aujourd’hui avec Patrick Achi. Et depuis qu’il est là, il a marqué de bons points. Il faut donc soutenir l’action du Président Alassane Ouattara qui se réalise à travers lui.

Attribuez -lui donc une note sur 10 …

Permettez que je ne fasse pas. Je ne suis pas calculateur. Je regarde ce qui est pratique. C’est ce sur quoi je juge les gens. Et je dis aujourd’hui que sur le terrain, le Premier Ministre Patrick Achi mène de bonnes actions.


Un mot à l’endroit de la jeunesse ivoirienne ?

Aux jeunes, j’ai une pensée pour ceux qui sont morts dans le cadre de la désobéissance civile en 2020. À la vérité, qu’est-ce que leurs parents et eux-mêmes ont gagné ? La politique, c’est la saine appréciation de ce qui peut nous apporter le développement. Comment travailler pour que notre localité ne soit pas en marge du développement ? C’est le plus important. C’est pourquoi j’invite toute la jeunesse ivoirienne et tout le peuple à faire bloc derrière le père Alassane Ouattara pour le développement et le désenclavement de nos localités et pour l’emploi massif de la jeunesse.

Réalisée par Joël Touré et J-H Koffo.

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