La Chronique du lundi L’impact du paramètre démographique et des questions de jeunesse sur le futur de la Côte d’Ivoire
Conférence sur la jeunesse ,par le professeur Justin Koffi, Koumassi ,le 11 septembre 2011
Le samedi 11 septembre 2021, se tient, à Koumassi, à l’initiative du député-maire Cissé Bacongo, une conférence sur la jeunesse. Cissé Bacongo a invité, comme conférencier, le professeur Justin Koffi qui analyse depuis plusieurs années l’impact du paramètre démographique et des questions de jeunesse sur le futur de la Côte d’Ivoire.
Selon le professeur Justin Koffi, « lorsque l’on parle du futur de l’Afrique, on oublie souvent un paramètre-clef : la démographie. Le véritable défi pour la Côte d’Ivoire, et pour toute l’Afrique, sera de relever le défi de la croissance démographique. » Justin Koffi tient à rappeler les chiffres concernant la démographie africaine : « Actuellement, la croissance démographique s’accélère dans les pays où le taux de natalité est le plus élevé. Ces pays se situent, pour la plupart, en Afrique. Tout au long du XXIè siècle, entre 2 000 et 2 100, huit pays, dont 6 pays africains (RDC, Ethiopie, Niger, Nigeria, Tanzanie, Ouganda) devraient concentrer la moitié de la croissance démographique mondiale. » Alors que sa population dépasse aujourd’hui le milliard d’individus, l’Afrique aura en 2050, 2,5 milliards d’habitants et plus de 4 milliards d’ici la fin du XXIè siècle. Or, la population africaine est jeune. A la fin du siècle, 41 % de la jeunesse mondiale sera africaine. Justin Koffi nous rappelle qu’aujourd’hui « 55 % des jeunes africains sont sans emploi, les trois quarts vivent avec moins de 2 dollars US par jour. » Il met en avant le paradoxe suivant : « les progrès réels en matière d’éducation ne permettent pas d’inverser la courbe du chômage dans la plupart des pays africains. » Une conclusion s’impose : « Le véritable défi du XXIè siècle se concentrera pour l’Afrique sur les réponses à apporter à une jeunesse de plus en plus instruite et de plus en plus urbaine, sans perspective d’avenir et, souvent, sans espace politique, deux facteurs qui nourrissent la contestation. » Le député-maire de Koumassi, Cissé Bacongo, a donc choisi, en s’appuyant sur les analyses du professeur Justin Koffi, de mettre l’accent, lors de cette rentrée politique, sur les questions qui concernent la jeunesse ivoirienne.
Koumassi, champ d’étude et d’expérimentation pour l’insertion des jeunes
Cissé Bacongo, le maire de Koumassi, a été ministre de l’Enseignement supérieur de 2005 à 2014. Il connaît bien les problématiques liées au manque d’adéquation entre les formations universitaires et le marché de l’emploi. Son statut d’élu local lui permet d’être au contact de toutes les autres strates de la jeunesse : les diplômés de l’enseignement professionnel et autres formations, les scolarisés sans diplôme, les non scolarisés, la jeunesse urbaine ou rurale sans emploi et sans occupation. Quant au professeur Justin Koffi, actuellement Directeur Général de l’Autorité de Régulation du Système de Récépissés d’Entreposage (ARRE), Directeur Exécutif Adjoint du RHDP, Conseiller élu du District de Yamoussoukro, Conseiller municipal Attiégouakro, Président de Faîtières de mutuelles, il est très engagé sur le terrain, cherchant à promouvoir de nouvelles dynamiques de développement local, afin de combattre plus efficacement le chômage et la pauvreté. Il publie prochainement un livre intitulé « La Côte d’Ivoire au défi du social et de l’équilibre des territoires », livre dans lequel il consacre de nombreuses pages aux questions de jeunesse. La commune de Koumassi, dont la croissance démographique est forte, apparaît comme un excellent champ d’étude et d’expérimentation pour tout ce qu’il est nécessaire de faire en faveur de la jeunesse, car sa population est jeune avec 57 % des habitants qui ont entre 15 et 39 ans. Proche du port d’Abidjan et de l’aéroport international Félix-Houphouët-Boigny, avec une façade lagunaire, qui sont autant d’atouts majeurs, son attractivité économique offre toutes les opportunités en matière de création d’emplois, ce qui nécessite des investissements dans les domaines de l’éducation, de l’enseignement professionnel et de la formation continue. Pour Justin Koffi, en dehors de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur, la formation professionnelle est la clé pour fournir du travail aux jeunes qui arrivent chaque année sur le marché de l’emploi en Côte d’Ivoire. Il tient à rappeler que « Les diplômés chômeurs sont une triste réalité en Afrique, où bien souvent les formations universitaires ne correspondent pas aux besoins de l’économie » Selon lui, le développement de la formation professionnelle doit devenir une priorité, comme le recommande l’Union africaine.
Une rentrée politique qui met l’accent sur les questions de jeunesse
En organisant, à Koumassi, cette « Conférence sur la Jeunesse », Cissé Bacongo tient à installer, au cœur des grandes orientations des politiques publiques, les questions liées à la jeunesse, que ce soit en matière de scolarisation, d’accès à l’université, de formation professionnelle, d’insertion professionnelle, d’émancipation, de service civique, de vie associative, de pratique du sport, etc. Pour Justin Koffi, « le principe politique traditionnel construit des catégories qui s’affrontent, aggrave les fractures ethniques, territoriales et générationnelles, alors que le projet de bâtir, selon le vœu du Président Alassane Ouattara, une Côte d’Ivoire unie et solidaire, dans le droit fil de l’héritage de Félix Houphouët-Boigny, doit permettre à tous les Ivoiriens de vivre et travailler ensemble. » En ce sens, la Conférence de Koumassi sur la jeunesse, en intégrant le paramètre démographique, donne le ton de la rentrée politique. Selon l’AFD (Agence Française de Développement), le paramètre démographique, s’il est accompagné « de mesures fortes en faveur de la formation et de l’emploi des jeunes, aussi bien du côté des politiques publiques que du secteur privé, est une formidable opportunité de développement pour le continent. »
Christian GAMBOTTI,
Agrégé de l’Université,
Président du think tank
Afrique & Partage – CEO du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain) –
Directeur des Collections L’Afrique en Marche, Planète francophone –
Directeur de la rédaction du magazine Parlements & Pouvoirs africains.