Région du Cavally: la construction d’un pont et le développement menacés à cause du Parc national de Tai
En colère populations et élus veulent se retirer du projet couloir écologique Taï-Grebo-Sapo
Des populations de Taï, chef-lieu de département, dans l’extrême ouest de la Côte d’Ivoire, sont remontées contre les structures en charge de la gestion du parc national de Taï, notamment le ministère de l’environnement et du développement durable et l’office ivoirien des parcs et réserves (Oipr ) partenaires techniques intervenant dans la chaîne de gestion du parc.
Réunies en assemblée populaire, le jeudi 11 février 2021 à la mairie de Taï, ces populations ont décidé de se retirer purement et simplement du processus de réalisation du projet de conservation de la biodiversité dans le complexe Taï-Grebo-Sapo ( « Couloir écologique Taï-Grébo-Sapo »). Un couloir transfrontalier instauré pour relier le Parc national de Taï en Côte d’Ivoire et le Parc de Grebo au Libéria. Le projet nécessitait 50% des adhésions des populations riveraines du parc de Taï; alors que l’on enregistre 45% pour le moment. Les populations mécontentes envisagent réviser leur position, en se retirant du comité de gestion local et de tous les accords relatifs aux projets structurants autour du parc. Car pour elles, au lieu de leur apporter le développement, le parc est plutôt devenu un frein à leur bien-être et au développement socio-économique local.
Selon les informations recueillies sur place auprès de certains leaders communautaires, tout est parti d’un blocage enregistré dans le projet de construction d’un pont sur le fleuve N’Zé devant désenclaver la ville de Taï. À les en croire, le bailleur de fonds ne veut plus financer le projet à cause de la proximité du parc national de Taï. Cette nouvelle donne, retarde le démarrage des travaux, et menace même la construction du pont, alors que les populations y voyaient une lueur d’espoir pour sortir Taï de son enclavement.
« Pour nous, le parc national de Taï devrait être un atout et une opportunité de développement. Malheureusement, nous constatons, la mort dans l’âme que nous nous sommes gravement trompés. À cause de ce parc, nous sommes pénalisés et privés de certains projets. Le parc est devenu un frein au développement de la région de Taï. Pourquoi donc adhérer à quelque chose dont nous ne tirons pas profit? La logique commande que pour notre survie et notre bien-être, il nous faut revoir notre position vis-à-vis de ce parc », a confié l’un des leaders communautaires interrogés.
[ Le maire Hyppolite Bayalla et le sénateur Paul Déhé abondent dans le même sens que les populations ]
Le maire Hypolite Bayalla, a déclaré ceci : « Bien avant l’indépendance de notre chère nation, la population de Taï dans sa totalité, a accepté d’abriter la majeure partie du parc national de Taï, classé aujourd’hui patrimoine mondial de l’UNESCO, et qui fait la fierté de la Côte d’Ivoire en matière de préservation de biodiversités. Quant à la forêt classée du Cavally, elle est l’une des réserves de l’État la moins agressée par l’homme. Aujourd’hui, consciente de l’importance de la conservation de nos ressources naturelles, nous population de Taï, sommes engagées dans le processus de la mise en place du projet « conservation de la biodiversité dans le complexe Taï-Grebo-Sapo. »
Selon le maire, Taï était éligible pour la réalisation d’un projet de pont sur le fleuve N’Zé. Pourtant l’AGEROUTE, structure étatique en charge de la réalisation dudit projet, a décidé sur instructions des bailleurs de fonds de le retirer après une étude socio-environnementale.
« Le pont facteur essentiel pour la connexion de notre ville au reste du pays et qui nous permettra d’écouler nos produits agricoles aisément, va nous être retiré à cause de notre forte concentration en réserves naturelles protégées. La population de Taï est donc victime par la présence du parc de Taï et de la forêt classée du Cavally. La population de Taï, craignant que ce projet comme les autres déjà existants dans le département de Taï, ait un effet de bâillonnement du développement de notre ville, décide de se retirer de toutes les activités du projet de conservation dudit complexe. Ce retrait qui se veut temporaire aujourd’hui, nous permettra d’approfondir les réflexions et les contacts sur notre éventuelle participation à sa réalisation ou d’exprimer notre refus à sa réalisation ».
CS