Côte d’Ivoire : décryptage des ambitions « présidentielles » de Amon Tanoh (exclusif)
Des informations rapportées par la presse ont fait état d’une intention de candidature à la présidentielle 2020 de Marcel Amon-Tanoh, ministre des affaires étrangères, ex-directeur de cabinet du chef de l’État, Alassane Ouattara.
Selon ces informations, Amon-Tanoh a fait part de ses intentions à des diplomates, et reçoit même des cadres du Rhdp à cet effet, pour les sensibiliser sur la question, et sa volonté d’être le leader et le porte-parole de toute la région du Sud Comoé.
Il a été également rapporté que cette initiative serait mal prise par le Président Alassane Ouattara, tandis que d’autres soupçonnent pourtant le chef de l’État de tirer lui-même les ficelles pour brouiller les pistes, et donner l’impression d’avoir plusieurs fers au feu.
Ces informations de plus en plus prises au sérieux par des observateurs extérieurs au pouvoir ou non ivoiriens, et même par certains cadres du Rhdp, n’ont pas été démenties par l’entourage très proche du ministre, même si un de ses collaborateurs s’est refusé à tout commentaire supplémentaire, alors que d’autres sources assurant avoir posé directement la question au concerné, affirment pourtant qu’il n’aurait rien confirmé.
Ceux qui croient à l’idée de cette velléité de candidature ajoutent que Marcel Amon-Tanoh, et le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly n’ont jamais entretenu de très bons rapports, et qu’ils sont dans une relation d’animosité autour de chef de l’État depuis toujours.
Décryptant cette agitation réelle autour de cette candidature supposée, un haut cadre du Rhdp estime qu’il s’agit pour le chef de la diplomatie ivoirienne d’exister dans les négociations qui se font par rapport à 2020 et à l’après , alors qu’il lui est reproché par ses détracteurs de ne pas avoir de base électorale.
« Marcel lui-même sait qu’il n’entre pas le schéma puisqu’il a 68 ans quand même ! Un âge qui a fait dire au Président de la République lors d’un conseil des ministres, auquel Marcel était absent, que lui et le ministre font partie de la même génération qui doit songer à passer la main aux plus jeunes. Le Premier ministre Gon Coulibaly a 59 ans. C’est près de dix ans quand même.
Le problème est simple : comme d’autres cadres et barons du Rhdp, Marcel a une relation affective, fraternelle et directe avec le Président de la République. Le Président de la République nous protège tous. Il se trouve que nous tous, nous n’avons pas ce type de relations avec le Premier ministre.
Il est normal que certains essaient de faire des choses, pour montrer qu’il faut compter avec eux au cas où, car ils ne savent pas à quelle sauce ils seront mangés si le chef de l’État n’est pas candidat, et que c’est un autre cadre qui est désigné ! Ils font donc savoir que cela peut être aussi, et veulent compter plus dans les négociations et tractations. Ils savent qu’ils n’ont pas la possibilité d’être choisis, mais peser dans la discussions. C’est comme cela qu’il faut comprendre la démarche prêtée à Marcel, alors que lui-même dément.
Je mets dans le même ordre, la situation de Mabri, même si lui, il a une relation de plus en plus directe avec le Premier ministre depuis plusieurs années », a confié le haut cadre en question, qui ajoute que la question sera réglée sans trop de conséquences durables sur la cohésion du Rhdp, après le choix du candidat du parti pour 2020.
Ce décryptage n’a pas du tout dérangé de proches collaborateurs du ministre Amon Tanoh, qui n’ont pas souhaité le démentir lorsque cela leur a été rapporté, tel quel. .
Philippe Kouhon