Entretien – Me Anzoumana Siaka, Secrétaire général de la Fitkd revient sur la participation »ratée » de la Côte d’Ivoire : “C’est une question de préparation”
Me Anzoumana Siaka, Secrétaire général de la Fédération Ivoirienne de taekwondo (Fitkd) dans cet entretien, explique les raisons de la contre-performance des athlètes ivoiriens présents aux Jeux olympiques de Tokyo. Pour lui, si l’objectif fixé par l’État n’a pas été atteint, »c’est une question de préparation ».
Les Jeux olympiques sont terminés. Le taekwondo avec quatre athlètes qualifiés revient avec une médaille olympique de bronze. Comment peut-on expliquer cela ?
À Rio en 2016, nous avons qualifié trois athlètes. À Tokyo, nous sommes arrivés à qualifier quatre athlètes. Le fait de qualifier quatre athlètes à ces jeux est déjà une marque de progression pour le taekwondo. Nous avons fait un grand pas. En ce qui concerne, les résultats, nous nous attendions à avoir quatre médailles olympiques ou trois médailles olympiques. Une avec Ruth Gbagbi, une avec Cissé Cheick et une autre soit avec Gbané Seydou ou Traoré Charlène. Malheureusement, nous n’avons eu qu’une seule médaille sur les quatre. Nous espérions mieux. Ne pas retourner bredouille au pays est déjà une satisfaction.
Comment commentez-vous les prestations de Cissé Cheick, Gbané Seydou, Charlène Aminata ?
Cissé Cheick Sallah a eu un problème physique. Pourquoi, je le dis ? Il est resté en Espagne, tout le temps pour s’entraîner. Les quelques rares fois où il est venu à Abidjan, c’était juste pour une semaine, tout au plus deux semaines et il retournait en Espagne. Ce n’était pas suffisant pour s’imprégner du programme de travail établi et suivi ici à Abidjan. Nous, étant à Abidjan et ne pouvant pas aller au Mexique et en Corée, selon le programme initial tracé pour travailler en altitude, nous avons mis le cap sur la ville de Man pour travailler sur 1000 m d’altitude. Cissé Cheick n’a pas bénéficié de cette préparation. Il faut aussi dire que Cissé Cheick n’a pas su maîtriser son poids. À Tokyo, il a pris du poids, les muscles ont pris du volume. Il était en surpoids. Il lui a fallu faire des régimes. Ce qui veut dire qu’il a manqué de discipline. Un athlète de haut niveau, qui sait qu’il doit se maintenir dans une catégorie, doit faire attention à son alimentation. Il faut être discipliné, il faut faire un programme d’entraînement qui puisse te permettre de ne pas te montrer en masse volumique. À ce niveau, Cissé Cheick a manqué de discipline. Quand vous regardez le combat de Cissé Cheick, il y a un véritable problème de condition physique.
Pour ce qui est de Gbané et de Charlène, ils sont les seuls à pouvoir nous expliquer ce qui s’est passé. Ils ont fait une mise au vert de pratiquement cinq mois à la charge de la fédération afin de leur permettre d’avoir le meilleur résultat. Nous n’avons rien compris. Est-ce le poids de la pression de la responsabilité ? Est-ce le poids de la pression de l’objectif à atteindre, qui n’était pas loin ? Ils sont les seuls à nous expliquer. Ce que je peux dire, souvent, le poids de la pression peut avoir un impact négatif sur la condition physique de l’athlète. C’est aussi l’une des raisons de la contre-performance de Cissé Cheick.
De façon générale, peut-on dire que ces Jeux olympiques pour la Côte d’Ivoire ont été une débâcle ?
Oui. À ce niveau, je suis d’accord qu’on parle de débâcle.
À Rio, Ta Lou passe de peu à côté de la médaille de bronze. Nous disons que » le sport ivoirien doit mieux s’organiser pour les Jeux olympiques de Tokyo ». Les Jeux olympiques de Tokyo arrivent et c’est comme si, c’était une surprise pour les disciplines sportives ivoiriennes. La préparation n’a pas pu se faire comme il le fallait. Surtout pour un rendez-vous comme les Jeux olympiques. On me dira que Ta Lou s’entraîne à l’extérieur. Mais à l’extérieur, l’on s’entraîne en fonction des moyens. Si les moyens avaient été plus colossaux, Ta Lou aurait fait beaucoup plus de meetings. De façon générale, je pense que c’est une question de préparation. Cela doit interpeller les dirigeants de fédérations, pour que dorénavant, ils s’organisent pour rechercher les moyens.
Après cette campagne, que faut-il faire pour éviter les ratées à l’avenir?
Je pense que les fédérations doivent réfléchir et ne pas attendre tout de l’État. Ceci est mon point de vue. Il ne faut pas tout attendre de l’État. L’État peut réagir. Mais peut-être à la dernière minute. Or, la préparation se fait longtemps avant. L’État peut avoir des contraintes et ne pas pouvoir réagir du tout. Au regard de ce que nous avons vécu à Tokyo 2020, cela doit interpeller tous les dirigeants fédéraux ; en tout cas, tous ceux qui aspirent à décrocher des médailles, doivent être interpellés pour ne pas tout attendre de l’État. L’État à ses réalités, nous en sommes conscients ; l’État à ses priorités, nous en sommes conscients. C’est à nous (ndlr ; fédérations sportives) d’avoir notre stratégie au cas où l’État ne réagirait pas à temps. Quelle est la stratégie que je mets en place en fonction des moyens dont je dispose ? De sorte que, si l’État réagit après, la stratégie est renforcée. Il faut que les fédérations trouvent les moyens additionnels pour préparer les athlètes de haut niveau.
Réalisé par Ange K