Yamoussoukro -Les villages d’Allangoua et N’gbessou menacés de disparition
S’il y a deux choses qui troublent actuellement le sommeil des populations des villages d’ Allangoua et de N’Gbessou, deux quartiers-villages de la commune de Yamoussoukro, c’est la disparition de leurs deux villages sur la carte de Yamoussoukro les mois à venir, si rien n’est fait .
Ils l’ont fait savoir le samedi 30 octobre 2021, lors d’une conférence de presse animée conjointement par les présidents des deux mutuelles de développement sociale, économique d’Allangoua et de N’gbessou sur la place publique du village de N’gbessou.
En effet, les agissements de leurs voisins du village de N’Zéré , les empêchant de cultiver leurs terres, ainsi que le processus d’extension de l’Institut national polytechnique ( INP-HB) de Yamoussoukro déclenché par les responsables de la direction de cette école supérieure qui risque de phagocyter toutes les terres de ces deux villages Nanafouè de Tiebissou délocalisés dans la commune de la capitale politique ivoirienne dans les 1971 et 1972, constituent le gros souci des habitants de ces villages .
Rappelant le processus qui a conduit ces populations sur ces terres voisines de l’INP-HB et de N’zéré, Kouadio Ferdinand, le secrétaire général des mutuelles des deux villages, a indiqué que l’histoire remonte aux années 1971et 1972, avec l’AVB (Aménagement de la Vallée du Bandama), et dans le cadre de la construction du barrage de Kossou. « Les villages d’Allangoua et de N’gbessou ont été respectivement délocalisés de leur ancien site de Tiebissou depuis 1971 et 1972. Et un décret a été pris pour le recasement de ces derniers. Décret du 8 juin 1969 portant attribution de portions pour l’aménagement du peuple Ngbessou et Allangoua, contraints de quitter leurs localités forestières et leurs plantations dans le département de Tiebissou pour s’installer dans une localité de Yamoussoukro. Cette délocalisation a été effective à l’issue de diverses négociations entre l’État de Côte d’Ivoire et les habitants de N’gbêssou et Allangoua. Le président Félix Houphouët-Boigny a jugé utile de réserver des terres culturales ou blocs culturaux aux habitants de N’Gbêssou et d’Allangoua en compensation de leurs terres et leurs plantations de café et cacao abandonnées au profit de la construction du barrage de Kossou. Cela a été le cas de tous les 26 villages déguerpis dans le cadre de l’Aménagement de la Vallée du Bandama », a longuement expliqué Kouadio Ferdinand. Pour lui, ce rappel des faits est indispensable et capital en vue de signifier que « les terres occupées aux alentours des villages d’Allangoua et de N’gbessou ont une histoire irrésistible. Cette histoire ne doit pas être tronquée. Donc, nos villages ont un statut de villages légaux et non de campements. Par conséquent, les habitants de N’gbessou et d’Allangoua méritent protection de l’État et de ses représentants »
Ainsi, il demande à l’Etat de Côte d’Ivoire une protection et une couverture juridique. « Nous demandons à l’État la sécurisation de nos terres, la délimitation de nos territoires, mettre à nos dispositions des documents administratifs et juridiques, que nos villages soient épargnés du plan directeur de construction de grandes écoles, inscrire nos villages sur la carte de la Côte d’Ivoire » a-t-il plaidé .Pour ce faire, il a fait savoir que plusieurs démarches ont été faites à travers des courriers auprès des autorités administratives pour réclamer justice et droits. Pour eux les terres ne sont pas à vendre. Malgré ces démarches, a fait savoir le conférencier, une délégation coordonnée par le sous préfet central de Yamoussoukro s’est rendue à Allangoua le 04 décembre 2020 pour notifier aux habitants de l’expropriation de leurs terres en vue de l’extension de l’école polytechnique, suivi d’ une séance de travail avec les populations des deux villages le 16 juin 2021, à la sous-préfecture pour leur annoncer encore l’effectivité de l’expropriation de leurs blocs culturaux. « Accepter de céder nos terres est pour nous, synonyme de disparition ou de mort », ont-ils clamé. Par ailleurs, ils souhaitent la délimitation de leurs territoires pour permettre à ces deux villages de pouvoir exercer leurs cultures agricoles dans la sérénité et de conduire leurs projets d’extension en toute quiétude. Car, ont-ils insisté « ivoiriennes, les populations de N’gbêssou et d’Allangoua ont besoin de vivre heureuses et en paix »
Diallo Harry à Yamoussoukro