Nouvelle grève dans les universités : Allah Saint Clair soupçonné d’extorsion de fonds et de de tentative de chantage
Alors qu’un mot d’ordre de grève dans les universités ivoiriennes est lancé à compter de ce mardi 25 avril 2023 – au même moment où le chef de l’État livre un message sur l’État de Nation- , le SG de la FESCI est accusé de tentative de chantage et d’extorsion de fonds sur la personne du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Adama Diawara.
Allah Saint Clair, Secrétaire général de la Fesci, lance une grève dans les universités du pays à partir du mardi 25 avril 2023. Dans la foulée, il rejette les soupçons faisant état d’une grève en guise de représailles contre le ministre Adama Diawara, qui refuse selon des informations , de subir le diktat du syndicat estudiantin dans des nominations en cours ou envisagées dans son cabinet.
Les raisons officielles et objectives de la grève
« Toutes les universités publiques et privées seront fermées à partir de mardi », a répondu à l’Intelligent d’Abidjan, le lundi 24 avril 2023, Allah Saint Clair, Secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci). Il a reconnu le lancement d’une grève des étudiants pour un certain nombre de revendications. Une grève, dit-il, pour réclamer les cartes d’étudiants pour leurs camarades des grandes écoles et universités privées, dénoncer la suppression programmée, selon lui, du doctorat en sciences humaines et sociales, et d’autres difficultés que les étudiants vivraient dans les universités. « Depuis des années, nous cotisons de l’argent. De 5000 FCFA au départ, c’est passé à 3500 et nous n’avons pas de cartes d’étudiants dans les universités privées et grandes écoles. Depuis plus de 5 ans, il n’y a pas de cartes. (…) Il y a aussi le fait de la sélection pour l’école doctorale. Le ministre est de la faculté des sciences techniques. Il veut supprimer les doctorats en sciences humaines et sociales. Le CAMES prévoit d’encadrer plus de 3 à 4 étudiants. Lui, il impose chaque étudiant à chaque encadreur. Du coup les enseignants ont un problème. Mais, nous même en tant que impétrants, cela ne nous empêche pas de continuer notre parcours académique. Il y a aussi le fait que le ministre a dessaisi toutes les scolarités des universités, pour les inscriptions. Il y a aujourd’hui beaucoup de désordres dans les universités à Cocody, Bouaké et autres », a justifié le dirigeant syndical au sujet du timing de lancement d’une grève sans aucun égard pour le message à la Nation du Président de la République, le même jour du 25 avril 2023.
Des soupçons de grève-représailles et de règlements de comptes
Quid alors des informations qui font état de ce que la grève a été programmée par le patron de la Fesci pour faire pression sur le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche professionnelle, Adama Diawara ? En effet, selon ces informations, Allah Saint Clair a proposé en vain au ministre de recruter dans son cabinet des enseignants et d’autres cadres . Informés de ce que le ministre manifeste de l’écoute pour Allah Saint Clair , des cadres et enseignants sont allés lui remettre de l’argent pour plaider en leur faveur. Une démarche désavouée par Adama Diawara. Selon ces mêmes sources, c’est face à l’échec de ses interventions auprès du ministre que le SG de la Fesci a décidé d’utiliser la Fesci en réveillant une grève sur la base de revendications anciennes. Les mêmes sources assurent que des appuis financiers importants que recevait régulièrement le leader syndical, ont été stoppés, sans préciser exactement l’origine de ces appuis. Ainsi selon ces informations, les universités ivoiriennes vont payer à travers cette grève qui débute le 25 avril 2023, le prix d’une guerre personnelle ou individuelle.
Allah Saint Clair dément les soupçons et allégations
Interrogé, Allah Saint Clair a botté en touche, tout en laissant penser qu’il était déjà informé de la situation . « Les gens qui me connaissent savent que je n’entre pas dans ce genre de choses. Donc, les gens peuvent raconter ce qu’ils veulent. Je ne sais même pas d’où ça sort. (…) Ce que je viens de dire est une décision du dernier congrès de la FESCI. Un congrès où le Bureau exécutif a décidé qu’on rentre en grève parce que toutes les promesses faites l’année dernière n’ont pas été respectées. Cela n’a rien à avoir avec tout ce qui se raconte. Je suis Secrétaire général de la Confédération estudiantine et scolaire d’Afrique. Nous voyageons et constatons que les étudiants ivoiriens n’ont pas de cartes d’étudiants. C’est trop grave ! Même à l’université de Cocody où les étudiants ont leurs cartes à l’inscription, le ministre a bloqué. Il a tout ramené aux opérateurs qui étaient censés faire les cartes et qui, ne les faisaient jamais. Vous savez, les gens voient la manipulation en tout, sans jamais régler les problèmes », a expliqué celui est également appelé Makélélé.
Ouvert au dialogue avec Adama Diawara malgré tout
Néanmoins , Allah Saint Clair affirme avoir assuré au ministre de ce qu’il reste ouvert au dialogue. « Depuis que j’ai pris la Fesci, je privilégie toujours le dialogue. Je ne peux pas parler chaque jour avec le ministre, alors que la situation des étudiants ne change pas. Donc, à un certain moment, il faut bloquer pour qu’il sache que ça ne va pas et qu’il prenne les décisions qui s’imposent », a expliqué le SG de la Fesci pour justifier selon lui, la rupture « momentanée » du dialogue qui était permanent et bien réel ( et tout aussi juteux selon les informations reçues ) avec la tutelle. Affaire à suivre…
Charles Kouassi et J-H Koffo