Société

Grève à la Fonction publique- ZADI Gnagna prend position

Le président de la Plateforme nationale des organisations professionnelles des secteurs public et privé Zadi Gnagna Théodore était le mercredi 16 octobre 2024 l’invité de la Radio de la Paix. Il s’est prononcé sur la grève qu’observent certains enseignants depuis le mardi 15 octobre 2024 pour l’obtention d’une prime d’incitation.

On entend des syndicats qui annoncent des grèves au niveau, par exemple, de l’éducation et de la santé. Alors, on se pose la question de savoir si la trêve sociale que vous avez signée en tant que syndicat est rompue ?

Je vous remercie, mais je voudrais vous rassurer que la trêve sociale est un paradigme nouveau qui est une construction jour après jour. En 2017, nous avons vécu la première trêve sociale, avec des grèves en 2019, 2020 et 2021. Mais nous avons quand même maintenu l’architecture de la trêve sociale. Donc il peut arriver qu’il y ait quelques crispations, des incompréhensions, et que des camarades déposent des préavis. Cela ne met pas fin à la trêve sociale, qui nous permet de travailler avec le gouvernement dans la sérénité. Nous comprenons que certaines préoccupations sectorielles, qui n’ont pas été bien réglées au niveau des secteurs d’activité, puissent refaire surface et donner l’impression que la trêve sociale est rompue. Ce qui n’est pas le cas.

Est-ce que vous avez la même lecture que le gouvernement ? Parce que lors de la signature de cette trêve avec les centrales syndicales, l’idée était d’apaiser le climat social pour que les travailleurs puissent contribuer au développement du pays sans perturbations. Or, on constate ces perturbations avec ces annonces de grèves.

Mais la réalité, depuis 2022 jusqu’à maintenant, il n’y a pas eu de perturbations. Donc, c’est une réalité. Cela signifie que des efforts sont faits par les organisations syndicales et par le gouvernement pour que nous maintenions cette architecture de paix. Nous sommes convaincus qu’il y a des défis à relever, mais il faut chaque fois travailler à maintenir cette construction de paix. Aujourd’hui, ce qui est important pour nous, c’est de répondre aux revendications de nos camarades et de trouver des solutions. Nous travaillons depuis deux semaines pour que certains éléments soient pris en compte. Vous avez pu suivre dernièrement la mise en place, au niveau de la primature, du comité consultatif de la fonction publique, dont la mission est de gérer les questions à caractère financier qui peuvent survenir pendant la période de trêve.

Il est important de noter que, suite à la signature de la trêve sociale, une architecture a été mise en place. Les comités sectoriels de discussions à la base doivent gérer certaines questions à un certain niveau. Et au sommet, nous avons deux structures : le comité consultatif de la fonction publique, chargé de régler les problèmes à caractère financier, et le comité de suivi de la trêve, logé à la primature, qui doit superviser tout cela. Je pense que le dispositif est en train de se mettre en place et nous sommes convaincus que, petit à petit, tout le monde rentrera dans les rangs, et nous aurons la paix telle que nous la souhaitons. Cependant, il nous faut affronter la situation actuelle par la négociation et l’apaisement. C’est ce que nous faisons, en tant que centrale signataire, pour encourager nos camarades à s’inscrire dans le dialogue, qui, pour nous est productif et a déjà donné des résultats visibles.

Parmi les revendications des syndicats, il y a le paiement des primes trimestrielles. On sait qu’il y a des secteurs d’activités qui en bénéficient et d’autres pas pour l’instant. Quel est votre avis, en tant que responsable syndical et fonctionnaire, sur cette question des primes trimestrielles revendiquées ça et là ?

Sur la question de la légitimité de la revendication, nous sommes en phase. Pour nous, le moment est venu pour que cette question soit abordée de façon globale. Il y a des ministères qui bénéficient de primes et d’autres qui n’en ont pas. En tant que centrale syndicale qui observe les choses de manière transversale, cette question, bien que soulevée par certains secteurs que vous avez mentionnés, concerne tous les secteurs d’activités qui ne bénéficient pas de primes.

Nous nous sommes battus, hier pour que l’indemnité contributive au logement, qui était réservée à une catégorie de fonctionnaires, soit étendue à l’ensemble de la fonction publique. Il est donc juste et équitable qu’aujourd’hui les primes trimestrielles soient également étendues à tous les fonctionnaires qui n’en bénéficient pas. Sur ce point, nous sommes en phase. Le gouvernement lui-même n’a jamais dit qu’il était opposé à l’octroi de primes à qui que ce soit. La preuve en est que le comité consultatif commencera ses travaux dès jeudi prochain (Aujourd’hui jeudi 17 octobre ) , et la question des primes pour les fonctionnaires y sera analysée de manière approfondie afin que nous puissions en ressortir avec des solutions transversales et définitives. Il est important d’analyser cette question de manière globale pour que le gouvernement ivoirien, comme il l’a déjà fait sur d’autres questions, puisse accorder ces primes trimestrielles, permettant ainsi à des secteurs tels que l’éducation-formation et la santé de retrouver leur lustre d’antan et de jouer pleinement leur rôle.

Sur ce plan là, ni les centrales syndicales, ni le ministère de la fonction publique, ni l’État de Côte d’Ivoire n’ont opposé une fin de non-recevoir à cette revendication. Pour nous, il faut laisser une chance à la discussion, qui donnera des résultats. C’est grâce à la négociation que nous avons pu obtenir, aujourd’hui, plus de 1000 milliards de francs CFA sur cinq ans, qui sont en train d’être distribués chaque mois aux fonctionnaires. Il faut donc faire confiance à l’architecture de la négociation. C’est le message que nous adressons à nos camarades : nous faire confiance, car nous sommes membres de ce comité. Nous demandons à nos camarades de laisser au président, qui a toujours fait preuve de bienveillance, le temps de faire ce qui est nécessaire pour que nous puissions obtenir davantage. Il vient d’accorder une prime spéciale aux retraités, ce que nous espérions, et il l’a fait pour les fonctionnaires. Donc, il peut encore faire beaucoup de choses, mais cela doit se faire dans le calme et la sérénité, loin des pressions et des crispations qui ne sont pas toujours avantageuses pour les parties.

Retranscrites par L. Abdul

Photo DR : Zadi Gnagna Théodore

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