Société

Effondrement de deux bâtiments à la Riviéra – Le ministre Bruno Koné : “80% des constructions dans le District d’Abidjan n’ont pas de permis de construire”

Selon le ministre de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, Bruno Koné, 80% des constructions dans le District d’Abidjan n’ont pas de permis de construire.

« 80% des constructions dans le District d’Abidjan n’ont pas de permis de construire. Nous n’allons plus attendre qu’il y ait des accidents, nous allons porter plainte contre les maîtres d’ouvrage, dès que nous serons alertés », a prévenu Bruno Koné.
Le ministre de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, a fait la révélation lors d’une conférence de presse à son cabinet le lundi 22 mars 2021 suite à une visite terrain à la Riviéra Bonoumin et à Anono. La visite intervient après que deux immeubles se soient effondrés.
« Je veux lancer un appel aux chefs et aux cadres des villages du Grand Abidjan pour dire que l’action de l’État n’est pas contre leurs intérêts (…) Je suis aussi révolté que beaucoup de nos concitoyens, voire davantage puisque j’ai la responsabilité du secteur de la construction.
Au titre du gouvernement, notre mission est de faire en sorte que toutes les constructions soient réalisées en Côte d’Ivoire selon les normes admises dans le monde, que les logements construits permettent aux citoyens de vivre mieux et en sécurité.
Je suis révolté contre les personnes qui méritent notre courroux et il n’y a pas plus responsable que celui qui construit, c’est-à-dire le maître d’ouvrage. C’est lui qui a la première responsabilité de la sécurité du bâtiment, c’est son intérêt à lui, puisque c’est lui qui décide d’investir dans la construction d’un bâtiment qu’il va habiter ou mettre en exploitation pour le fructifier. C’est à lui de s’assurer que toutes les dispositions sont prises pour que le bâtiment soit réalisé selon les règles de l’art, pour garantir la sécurité de ceux qui y travaillent.
Tant que ces personnes ne sont pas sanctionnées par rapport aux défaillances éventuelles sur les constructions qu’elles réalisent, on continuera de voir encore des effondrements de bâtiments (…)
Les moyens de l’État ne permettent pas de contrôler toutes les constructions sur l’ensemble du territoire, mais toutes les dispositions seront prises pour poursuivre et sanctionner les auteurs selon les lois en vigueur », a expliqué Bruno Koné.
S’appuyant sur les dispositions de l’article 57 du décret n°2019-594 du 3 juillet 2019 portant réglementation du Permis de construire, Bruno Koné a rappelé les sanctions encourues par les propriétaires de bâtiments en cas d’accident.
« Le décret dit clairement que pour toute construction, les maîtres d’ouvrage (propriétaires) ont l’obligation de recourir à un architecte et à un ingénieur-conseil ou à un bureau de contrôle pour des constructions au-delà de R+2 (…)
Le maître d’ouvrage est le seul responsable de la stabilité du bâtiment, s’il refuse de se faire accompagner par un ingénieur-conseil (…) Nous sommes au deuxième effondrement de bâtiments en 2021 contre 11 effondrements d’immeubles en 2020. Nous ne souhaitons pas atteindre les chiffres de 2020, c’est pourquoi tout sera mis en œuvre pour que les textes soient respectés, à savoir le Code de la construction, la Loi relative à la profession d’architecte et le décret n°2019-594 du 3 juillet 2019 portant réglementation du Permis de construire. Les contrôles que nous faisons sont suffisants si les maîtres d’ouvrages entendent notre message, vont lire les textes, décident et acceptent de les appliquer (…) Les sanctions vont du paiement d’une amende par mètre carré à des peines privatives de liberté », a ajouté le ministre de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme

Mission de contrôle de construction des immeubles : Bruno Koné déplore une hostilité dans certains villages du Grand Abidjan

Par ailleurs Bruno Koné a dénoncé des cas d’hostilité dans certains villages du Grand Abidjan, où il est arrivé que des agents du ministère dont il a la charge aient eu maille à partir avec les populations.
« Au niveau de Bonoumin, il faut dire qu’un bâtiment en exploitation ne s’effondre pas comme ça, il y a toujours des signes (affaissement, fissures…) qui peuvent permettre d’alerter suffisamment à l’avance (…) À Anono, le bâtiment était en cours de construction. Nous avons exercé notre mission de contrôle sur ce bâtiment jusqu’au 26 février 2021 malgré une hostilité, alors que nous avons été alertés le 4 janvier 2021. Nous avons convoqué le maître d’ouvrage de ce bâtiment, nous lui avons expliqué nos constats et ce qu’il devait faire. Mais, au lieu d’appliquer nos recommandations, il a repris les travaux qu’il avait arrêtés, en construisant un étage supérieur pour transformer son bâtiment en R+5. Si on nous avait laissé faire notre travail, il n’y aurait pas eu ce drame, parce qu’il nous aurait fourni un permis de construire ».

Olivier Dion

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