Pascal Affi N’Guessan, à propos de Laurent Gbagbo : “Les Ivoiriens (…) découvrent un monarque qui se croit propriétaire du FPI”
« Les Ivoiriens attendaient le retour de l’homme de paix (…), ils découvrent un monarque qui se croit propriétaire du FPI », c’est en substance, en ces mots que Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), a parlé, le samedi 14 août 2021, de Laurent Gbagbo, le fondateur dudit parti.
Il animait une conférence de presse au siège du parti à Cocody II-Plateaux les Vallons, pour réagir à la décision prise par l’ex-Chef d’État, le 9 août 2021, de lui laisser « l’enveloppe du parti » et de créer un autre avec le même contenu.
« Gbagbo a trop parlé. (…) Un discours ahurissant par sa suffisance, son cynisme et son archaïsme. Les Ivoiriens attendaient le retour de l’homme de paix et de démocrate, nourri aux valeurs du socialisme. Ils découvrent un monarque qui se croit propriétaire du FPI, sa chose dont il peut disposer à sa guise, nommant et renvoyant comme gérant, qui il veut et quand il veut. (…) Face à lui, les cadres du parti sont des obligés, car c’est lui qui les a faits », a dénoncé l’ex-premier ministre de Laurent Gbagbo, au sujet de son désormais ancien mentor.
Affi N’Guessan venait de tenir un peu plus tôt, un Comité central du parti. Un Comité qui a acté la radiation de Laurent Gbagbo du FPI.
Pour lui, le Fpi n’est pas la chose de Laurent Gbagbo, mais un parti politique administré par des textes et auquel chaque membre a adhéré librement. Il a reconnu que l’histoire du Fpi est indissociable à la vie politique de Laurent Gbagbo. Mais, il a fait savoir que c’est une erreur politique que de réduire le parti à cette dimension et de nier le rôle moteur des cadres et militants. Il a indiqué plus loin que Laurent Gbagbo ne s’est pas fait lui-même. « C’est nous tous qui l’avons fait. Il nous doit un minimum de respect et de considération », a-t-il fait savoir.
Affi N’Guessan a déploré le fait que son engagement à remobiliser les militants, après sa sortie de prison, en vue, dit-il, d’assurer la pérennité du parti, a été présenté comme une volonté de tourner la page Gbagbo. « On fait croire que j’ai un deal avec le régime. Toutes ces années, j’ai laissé faire, j’ai subi les mensonges pour donner une chance à l’unité du parti », a-t-il fait savoir.
« Laurent Gbagbo a pris la mesure de l’impasse politique personnelle dans laquelle il se trouvait »
Pour Pascal Affi N’Guessan, si Laurent Gbagbo a décidé d’abandonner le combat du contrôle du FPI, pour créer un autre parti , c’est parce qu’il a compris l’impasse politique dans laquelle il se trouvait. « En rompant le lundi 9 août 2021 avec le FPI, Laurent Gbagbo a pris la mesure de l’impasse politique personnelle dans laquelle il se trouvait, en opposant à la légalité, une soi-disante légitimité auto-décrétée, auto-proclamée. Il a pris acte d’une réalité qui s’impose à lui », a-t-il déduit.
Pascal Affi N’Guessan s’est par ailleurs offusqué de ce que Laurent Gbagbo, dans ses propos du 9 août, ait dit :” On nous a envoyé Affi. Demain, on peut nous envoyer beaucoup d’autres ”. « Ce n’est pas bien quand Gbagbo dit ça. Parce qu’il connaît mon parcours. Il sait d’où je viens. Il ne peut pas dire que “on nous a envoyé Affi” ».
L’ex-premier ministre de Laurent Gbagbo, de revenir sur ce qui constitue, selon lui, le vrai problème entre son ancien patron et lui. « À partir de la crise de 2010, on a des visions qui ne convergent pas. C’est cela le vrai problème. Ce n’est pas parce que quelqu’un m’a envoyé, ou me paie quelque part. Moi-même, je dis que je ne suis pas d’accord avec sa vision. Ce n’est pas quelqu’un qui me le dit. Je suis suffisamment grand. Hors eux, pour délégitimer ta posture, ils vont toujours faire croire que ce n’est pas toi qui pensent cela, mais plutôt des gens qui te poussent. Donc, ils disent que tu es manipulé. Ça, c’est la démarche du parti unique ! Et dans ce domaine là, je crois que certains de nos amis n’ont pas abandonné les réflexes marxistes. Parce que, c’est ainsi qu’on manipule les gens dans les partis communistes », a-t-il lancé.
Depuis l’acquittement de Laurent Gbagbo par la CPI, le camp Affi N’Guessan a connu bon nombre de défections. Le plus récent étant la démission de Konaté Navigué, vice-président du parti. Mais, Affi N’Guessan ne s’est pas plaint de ses défections. Il a plutôt indiqué qu’il n’a pas peur de se retrouver seul. « La solitude, je suis habitué à ça. Je n’en ai pas peur », a-t-il fait savoir.
J-H Koffo