Laurent Gbagbo raconte le 18 février 1992
Ci-dessous un extrait du documentaire « Laurent Gbagbo, la force d’un destin 1945-2000 » du cinéaste Henri Duparc dans lequel l’ex-président ivoirien raconte ce qui s’est passé le 18 février 1992.
« Des militaires sont arrivés. Ils m’ont encerclé. Il y en a un qui a sorti son pistolet automatique qu’il a pointé vers moi. Je l’ai regardé avec beaucoup de détachement et de pitié. Seigneur, pardonne leurs car ils ne savent pas ce qu’ils font. Sur ce est arrivé un groupe de gendarmes qui a bousculé les militaires, m’a encerclé ; et m’a protégé. Ils m’ont extrait du sous sol pour me conduire au commandement supérieur de la gendarmerie qui n’était pas loin. Les militaires aboyaient, hurlaient ‘’ tuez le ! Tuez-le ! On veut le tuer !’’.
« Quand je les regardais hurler je me disais c’est comme cela que sont morts Lumumba et Ben Barka’’.
C’était ma seule pensée. Ce jour là j’ai cru que les militaires allaient prendre le pouvoir car s’ils me tuaient, il y allait avoir la réplique de la rue. Pour éviter d’être jugés, ils allaient devoir prendre le pouvoir pour se protéger eux-mêmes. »
« Mon épouse m’a raconté plus tard qu’au même moment on criait : ‘’ tuez la !’’. Elle a été battue jusqu’à ce qu’elle perde connaissance. Transportée au camp Gallieni, elle y a été encore plus sauvagement battue. Quand elle s’est réveillée, elle était à l’hôpital avec les vertèbres cervicales endommagées. Elle nous a rejoints plus tard en prison avec une minerve. Ce jour était pour moi un jour de tristesse en pensant à la Côte d’Ivoire, mais aussi un jour de gloire pour les combattants de la liberté et de la démocratie. J’étais convaincu que c’était le prix à payer pour que nous ayons la démocratie et le pouvoir. J’ai compris ce jour la que je serai Président de la République et que plus rien ne pouvait m’arrêter ».
Extrait du documentaire « Laurent Gbagbo, la force d’un destin 1945-2000 » du cinéaste Henri Duparc
Une Correspondance particulière de Steve Beko