Chronique- Voici les points communs entre Amadou Gon Coulibaly, Hamed Bakayoko et Patrick Achi
En acceptant d’être candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2020, après la brusque disparition d’Amadou Gon Coulibaly, Alassane Ouattara n’a pas cherché pas à confisquer le pouvoir, ni à s’accrocher au pouvoir. Il n’avait plutôt qu’une idée en tête : poursuivre l’œuvre accomplie depuis 2011, date de son accès au pouvoir.
Amadou Gon Coulibaly, le successeur désigné officiellement et clairement désigné à jour , représentait la certitude absolue que la politique des réformes voulue par le Président Alassane Ouattara serait poursuivie. Le choix d’Amadou Gon Coulibaly s’inscrivait dans une logique de continuité et d’ouverture. La brusque disparition d’Amadou Gon Coulibaly avait conduit à la nomination d’Hamed Bakayoko comme Premier ministre.
Là encore, la nomination d’Hamed Bakayoko s’inscrivait dans une logique de continuité et d’ouverture. Personne ne semble encore véritablement mesurer l’importance d’Hamed Bakayoko dans la vie politique ivoirienne et son rôle essentiel dans le dispositif ouattarien.
Homme de dialogue, Hamed Bakayoko, qui avait su pacifier la Côte d’Ivoire dans les moments les plus difficiles, incarnait au plus haut degré une politique d’ouverture. Sa brusque disparition a conduit Alassane Ouattara à faire le choix de Patrick Jérôme Achi comme Premier ministre. Ce choix s’inscrit fondamentalement dans une logique de continuité et d’ouverture, même s’il marque une certaine rupture au niveau administratif.
Les points communs entre Amadou Gon Coulibaly, Hamed Bakayoko et Patrick Achi sont les suivants : une fidélité et une loyauté à Alassane Ouattara fondée sur la certitude que la politique du Chef de l’Etat a permis de reconstruire la Côte d’Ivoire depuis 2011, un engagement politique qui les distingue des politiciens à courte vue uniquement guidés par l’obsession de la carrière et la conquête du pouvoir, une volonté d’ouverture aux autres mouvements politiques et aux nouvelles générations.
Le profil de Patrick Jérôme Achi lui permet d’incarner la philosophie politique d’Alassane Ouattara, une philosophie qui accepte, dans un cadre démocratique, l’affrontement électoral, programme contre programme, bilan contre bilan.
Patrick Achi, un homme discret et efficace
Patrick Achi s’inscrit dans la lignée d’Amadou Gon Coulibaly et Hamed Bakayoko, des Premiers ministres très politiques, mais aussi capables de diriger un gouvernement et conduire les affaires de l’Etat. Ses victoires électorales depuis 2011 et la création de PDCI-Renaissance, un mouvement qui regroupe les PDCI restés fidèles à Alassane Ouattara, font de lui une figure politique importante dans le dispositif du RHDP. Patrick Achi connaît aussi parfaitement les rouages de l’Etat profond. Les compétences acquises, lorsqu’il était consultant dans le privé et à travers ses nominations successives comme conseiller ou ministre dans des gouvernements successifs font de lui un gestionnaire compétent des politiques publiques. Patrick Achi a ainsi piloté de très grandes réformes : la réforme du système de gestion des finances publiques de 1995 à 1997 ; la réforme du secteur des énergies entre 1997 et 1999, lorsqu’il est conseiller technique au ministère de l’Énergie ; la réforme de la filière café-cacao au cabinet du premier ministre Seydou Diarra en 1999. Sa nomination, en janvier 2017, au poste de Secrétaire général de la présidence de la République, confirme deux choses : le renforcement de sa proximité avec le Président Alassane Ouattara et sa capacité à coordonner le travail du gouvernement d’un point de vue administratif. Nommé ministre d’Etat, il assiste au conseil des ministres. Cette double confiance, administrative et politique, se confirme pendant la campagne présidentielle de 2020, avec sa désignation comme directeur national de campagne en charge du projet de société du candidat Alassane Ouattara.
L’expérience politique
Lorsqu’il s’engage en politique, Patrick Achi devient une figure importante du PDCI. Il ne parviendra pas à rapprocher Bédié et Ouattara, lors des tensions et de la rupture survenue entre le RHDP et le PDCI. Comme Hamed Bakayoko l’avait fait en 1994 en adhérant au RDR dès sa fondation, il choisira de suivre, en 2018, Alassane Ouattara. Ce choix ne lui est pas dicté par une ambition carriériste, mais par la certitude que le chemin que trace Alassane Ouattara est, politiquement, économiquement et socialement, le bon pour la Côte d’Ivoire. Depuis 2013, il préside le conseil régional de la Mé, et à été il est réélu en 2019. Il vient également d’être réélu député , Gand une vine considérée comme le fief du Fpi.
Plusieurs fois ministre depuis octobre 2000 dans les gouvernements successifs du pays , Achi Patrick est nommé, en 2017, Secrétaire général de la présidence, puis en 2020, ministre d’État. Depuis le 10 mars 2021, il a pris la tête du gouvernement d’abord par intérim pendant la maladie d’Hamed Bakayoko. Dans le RHDP, il occupe les fonctions de vice-président du parti.
Faire de la politique, pour Patrick Achi, c’est agir afin de conjurer le pire à travers une politique de civilisation
Comment conjurer le pire, lorsqu’on devient le deuxième personnage de l’Etat derrière le Président de la République ? En conduisant une politique de civilisation. Pour Patrick Achi, la finalité de l’action politique, ce n’est pas simplement la réussite économique. L’économie n’est qu’un moyen qui permet de conduire une politique de civilisation, un concept avancé par Léopold Sédar Senghor et repris par Alassane Ouattara. Une politique de civilisation vise à atteindre un état de développement politique, économique, social et culturel considéré comme un idéal à atteindre pour une nation moderne et une société apaisée, enfin réconciliée avec elle-même. Une politique de civilisation anticipe dans tous les domaines, afin de bâtir un avenir souhaitable. J’insiste sur le développement culturel : sa fonction est de faire émerger des images positives des futurs possibles de la Côte d’Ivoire, mais aussi de l’Afrique. Pour Patrick Achi, le temps de la mondialisation n’est pas uniquement celui des guerres économiques, il s’agit d’une opportunité à saisir pour sortir définitivement de l’afro-pessimisme, la politique culturelle faisant aussi Histoire.
Christian GAMBOTTI,
Agrégé de l’Université,
Président du think tank
Afrique & Partage – CEO du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain) –
Directeur des Collections L’Afrique en Marche, Planète francophone –
Directeur de la rédaction
du magazine Parlements & Pouvoirs africains.