29 ans après- Témoignages sur le dossier Février de Gbagbo, Ahipeaud Martial, Gnahoua Zibrabi, Boni Claverie, Joël Nguessan et Anne Gnahouret sur les événements du 18 février 1992
Le 18 février 1992-18 février 2021. Cela fait exactement 29 ans que le Front populaire ivoirien (Fpi) dont l’ex-président Laurent Gbagbo était secrétaire général avait manifesté pour réclamer la libération de Martial Ahipeaud, le premier responsable à l’époque de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci).
[ Retour sur ce qui s’est passé ]
Ces manifestations du 18 février 1998 avaient dégénéré, et s’étaient soldées par l’arrestation d’une centaine de personnes dont Laurent Gbagbo. Qu’est ce qui s’est passé ce 18 février 1992 ? Quelles leçons en tirer et en retenir 29 ans après ?L’Intelligent d’Abidjan revient sur ces événements du 18 février 1992, un épisode de la vie de la nation ivoirienne dans ce dossier.
Tout commence le 13 février 1992, à Abidjan. À cette date, une centaine de membres de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte-d’Ivoire (Fesci)-association dissoute-, dont son secrétaire général Martial Ahipeaud, sont interpellés par la police alors qu’ils manifestaient contre l’impunité des responsables des violences commises en mai 1991 dans la cité universitaire de Yopougon. Le rapport de la commission d’enquête relative à ces violences, rendu public le 29 janvier 1992, mettait en cause le général Robert Gueï, chef d’état-major de l’Armée et les forces spéciales qu’il avait créées et qu’il avait baptisées la FIRPAC (Force d’intervention rapide para-commando).
La Commission gouvernementale mise sur pied pour enquêter au sujet de la descente effectuée en mai 1991 par le Général Gueï et ses hommes dans la cité universitaire de Yopougon, était arrivée à la conclusion que les soldats avaient violé au moins trois filles et sauvagement passé à tabac des étudiants. La commission recommandait que Robert Gueï soit sanctionné.
Lorsque Houphouët-Boigny a refusé de suivre les recommandations de la commission, invoquant le fait qu’il ne souhaitait pas diviser l’armée, les étudiants ont organisé des manifestations à plusieurs reprises durant plusieurs jours (…)
Le mardi18 Février 1992, dans la capitale économique ivoirienne, une manifestation organisée par le Front populaire ivoirien de Laurent Gbagbo, alors SG du parti, pour réclamer la démission du général Gueï dégénère en émeute. La réaction des forces de sécurité fait de nombreux blessés. Trois cents personnes sont arrêtées, dont Laurent Gbagbo, député et chef de l’opposition, et René Dégny-Ségui, président de la Ligue ivoirienne des droits de l’homme.
Au moment de ce «mardi noir », Félix Houphouët Boigny, alors président de la République est hospitalisé en France, et l’intérim est assuré par son Premier ministre Alassane Ouattara. Henri Konan Bédié alors Président de l’Assemblée nationale «salue» l’action du chef du gouvernement.
[ Les étudiants condamnés , Laurent Gbagbo condamné puis libéré ]
Le 27 février 1998, tandis que le tribunal des flagrants délits condamne quatre responsables étudiants, dont Martial Ahipeaud, à trois ans de prison ferme, le procès des dirigeants de l’opposition arrêtés le 18 février s’ouvre à Abidjan. Inculpés de « voies de fait » en vertu d’une loi anticasseurs signée plus tôt, Laurent Gbagbo et René Dégny-Ségui sont condamnés le 6 mars 1992 à deux ans de prison ferme. Laurent Gbagbo sera amnistié et libéré après 5 mois de détention à la MACA
Soit après 5 mois de détention à la Maison d’Arrêt et de correction d’Abidjan, Laurent Gbagbo et ses camarades seront libérés. Soit après 165 (cent soixante-cinq) jours de détention
Libéré en pleine nuit pour éviter de provoquer des manifestations de joie devant la prison, autour de laquelle des petits groupes de militants se relayaient depuis son arrestation, Laurent Gbagbo regagnera son domicile à bord d’un véhicule escorté par des militaires.
Claude Dasse