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Journalism Trust Initiative – Wakili Alafé : « La certification CWA 17493 est une lourde responsabilité »

Les félicitations et les encouragements affluent depuis le lundi 29 septembre 2025 suite à l’annonce officielle : L’Intelligent d’Abidjan est entré dans l’histoire en devenant le premier quotidien d’information générale ( QIG ) certifié CWA 17493. Une performance qui couronne des années de pratique rigoureuse et place le journal en pionnier de la transparence et de la qualité de l’information en Côte d’Ivoire.

Dans une interview exclusive accordée à Intelligent TV dans la foulée ce même lundi 29 septembre 2025, Alafé Wakili, le directeur général, est revenu sur cette réussite collective. Il a exprimé sa gratitude aux initiateurs du projet – le Journalism Trust Initiative (JTI), Reporters Sans Frontières et le Bureau Norme Audit (BNA) –, ainsi qu’à ses collaborateurs , sans oublier les lecteurs, dont le soutien fut indispensable. « Cette certification est le début d’un engagement renforcé. C’est la preuve que notre feuille de route, axée sur une information vérifiée et éthique, est la bonne », a-t-il déclaré, soulignant que le titre

était le deuxième média ivoirien, après Gbêkê FM, à obtenir cette distinction exigeante.

Face à ce « grand défi pour l’avenir » que représente le maintien de ce niveau d’exigence, la rédaction réaffirme son engagement à se soumettre aux audits de surveillance et appelle le public à continuer d’apporter sa confiance à ce média désormais labellisé. Entretien .


Quels sont vos sentiments après cette certification?

Cette certification, c’est un défi, un challenge. Nous ressentons de la satisfaction, mais en même temps, nous savons que c’est une lourde responsabilité, parce que nous avons exprimé des engagements, nous avons montré que nous avons des pratiques aux normes, des pratiques requises selon lesquelles tous les médias doivent fonctionner. Nous nous sommes soumis à cela, nous avons fait preuve de transparence. Le processus a duré près de deux ans. Nous avons été évalués et nous avons obtenu la certification JTI, une sorte de norme de certification pour média, ce que les entreprises cherchent à avoir dans leurs secteurs d’activité. Nous ressentons de la satisfaction, de la joie, mais en même temps, nous sommes conscients que c’est une lourde responsabilité qui va consister à maintenir le même standard de gestion de notre média et de l’information, surtout que nous avons rendez-vous dans moins d’un an, pour une évaluation à mi-chemin et dans une période de deux ans, en 2027. Notre certification n’est pas une certification à vie. Si nous ne respectons pas les normes, si nous ne faisons pas les choses selon les engagements exprimés, nous pouvons perdre la certification. Donc, ce n’est pas une certification permanente. Elle est évaluée régulièrement, elle est actualisée. C’est pour cela que notre second sentiment est celui de la responsabilité face au défi. Nous sommes prêts à relever ce défi avec le soutien de tout le personnel. C’est un travail collectif, sans oublier le soutien des Institutions, des partenaires et du grand public et de tout le secteur des médias en Côte d’Ivoire.

Est-ce que cette certification vient confirmer votre crédibilité dans le secteur des médias ivoiriens ?

‎Dans la vie chacun a des objectifs, chacun se bat pour des objectifs. Il y a des gens qui, peut-être, veulent créer le buzz uniquement, il y en a qui veulent gagner de l’argent, d’autres ont l’ambition de servir la communauté en étant candidat, en faisant de la politique… Nous, on a choisi le journalisme, avec des hauts et des bas, ses gloires, ses opportunités de 4è pouvoir, mais aussi avec ses devoirs, son sacerdoce. Dans la pratique, chacun a aussi sa manière de faire. Notre manière a été de le faire selon les normes. Ça n’a pas toujours été facile. Nous avons eu un parcours personnel avant L’Intelligent d’Abidjan et depuis L’Intelligent d’Abidjan, nous essayons de rester très professionnels et relativement indépendants. Autant que faire ce peut , être indépendant. Au cours de notre parcours, toutes les obédiences nous ont attribué à un camp. Pour nous, ce n’est pas un signe de faiblesse, de lâcheté ou d’incertitude. C’est plutôt un hommage qui nous est rendu, parce que nous ne pouvons pas être avec tout le monde à la fois. Cela signifie en réalité que nous ne sommes avec personne, que nous sommes un journal ouvert. Cette crédibilité dont vous parlez était déjà là. C’est pourquoi nous nous sommes engagés dans le processus en connaissance de cause et cela a été certifié et reconnu. Nous avons une politique du genre, une politique vis-à-vis de l’usage de l’intelligence artificielle, nous avons une charte éditoriale, nous avons une politique de respect de la déontologie, nous avons des règles de la gestion de la relation avec les lecteurs, des plaintes. Nous sommes en train de mettre en place une équipe de médiation. Donc, il y a une dizaine de bonnes pratiques que nous respectons et que nous nous sommes engagés à continuer à respecter. Nous sommes dans la transparence concernant nos sources de revenus, nos propriétaires, nos actionnaires, nous n’avons rien à cacher. Nous avons ouvert notre dispositif et toutes les informations sur L’Intelligent d’Abidjan, sur nous-mêmes et sur nos pratiques sont disponibles et accessibles au grand public. A priori, le processus de certification peut faire peur, mais je pense que c’est un processus dans lequel il faut s’engager, avec la disponibilité et l’accompagnement de Reporters sans frontières, des bureaux d’audit qualifiés, qui ont fait un travail rigoureux, qui nous a amené à nous poser des questions. À partir de notre expérience et grâce à l’accompagnement de Reporters sans frontières et de tous ces partenaires, de plus en plus de médias en Côte d’Ivoire et en Afrique comprendront que ce n’est pas un processus totalement compliqué. C’est un exercice de transparence, un renforcement des engagements déontologiques, de respect des bonnes pratiques éditoriales dans la gestion d’un média et que tout le monde peut accéder à la certification. Cela nous mettra d’ailleurs en pôle position par rapport à tous ces médias nouveaux, à toutes ces structures qui diffusent l’information au mépris des dispositions légales. Quand on est certifié, cela veut dire qu’on a la bonne adresse, qu’il faut collaborer avec des médias certifiés. Depuis 22 ans que nous avons créé L’Intelligent d’Abidjan, nous avons toujours eu le souci de nous engager dans cette dynamique de labellisation, de certification. On a eu des prix du CNP, le régulateur, on a eu des prix OLPED, à l’époque. Donc, nous nous sommes engagés à travailler dans le respect des dispositions légales, éthiques et déontologiques. Donc, ce n’est pas très étonnant pour nous, c’est un processus dans lequel nous nous sommes engagés depuis que nous avons créé L’Intelligent d’Abidjan, il y a 22 ans. Nous comptons, au cours d’une cérémonie officielle, recevoir la certification, le rapport détaillé et complet ainsi que les recommandations pour rester dans la dynamique.

Est-ce que l’IA prévoit-elle d’autres certifications?

S’il y a d’autres normes, nous serons partants. Mais pour l’instant, il y a l’Autorité nationale de la presse (ANP) qui regarde, en termes de régulation. Nous pensons que nous ne faisons pas partie des plus mauvais en matière de respect des règles de l’éthique et de la déontologie, de respect de la loi, de pratique régulière et au norme du métier de journaliste, de respect des normes éditoriales. La norme JTI est la norme suprême. S’il y a d’autres normes de certification, nous sommes disposés à nous soumettre à cela. Je pense que la seconde phase, c’est de voir en termes d’audit financier et comptable, et aussi des ressources humaines, comment nous pouvons disposer de moyens et d’opportunités pour inciter, aussi bien bailleurs de fonds, pouvoirs publics qu’opérateurs économiques, financiers et banquiers à investir dans les médias, de façon générale et dans notre média en particulier. C’est un média qui est labellisé et qui est capable de produire « une information verte », une information de qualité, éthique pour le bien-être de la population et pour la vitalité démocratique.

Avez-vous un appel à lancer? Des remerciements?

Je voudrais féliciter le personnel et comme je l’ai dit, c’est un travail collectif, mais féliciter aussi le public, les lecteurs qui nous soutiennent dans ce que nous faisons. Si nous existons, c’est parce que nous avons une notoriété, nous avons des lecteurs qui adhèrent à ce que nous faisons, d’une manière ou d’une autre et qui nous le font savoir, , de sorte que nous n’avons pas l’impression d’être inutile, que nous ne servons à rien. Nous savons qu’il y a une affection du public, nous disons merci à ce public, à ces lecteurs et lectrices. C’est une opportunité pour lancer un appel aux pouvoirs publics, aux partenaires au développement, aux bailleurs de fonds, aux financiers, aux banques et aux Institutions. Toutes ces structures peuvent miser sur nous et nous aider. Il y a un potentiel, nous avons les capacités de redonner à la presse ses lettres de noblesse, dans l’intérêt de nos populations, pour la bonne information dans un monde où les fake news, la désinformation et les dangers de la mésinformation nous menacent et sont susceptibles avec l’intelligence artificielle si on n’y prend garde, de nous conduire dans des situations douloureuses.

Réalisée par Sapel Moné et transcrite par Olivier Dion

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