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Côte d’Ivoire : réduction du train de vie de l’État ou propositions après la nouvelle augmentation du prix de l’électricité

Dans des réactions après la nouvelle augmentation du prix de l’électricité en Côte d’Ivoire, il est fait état de la possibilité pour l’État de réduire son train de vie, comme solution permettant d’éviter cette augmentation.

La suggestion de réduction du train de vie de l’État n’est pas nouvelle ni inédite. Elle a été souvent essayée par des gouvernements ailleurs dans le monde et même en Côte d’Ivoire dans d’autres situations, notamment en 1989-1990 par Alassane Ouattara alors qu’il était à la tête d’un comité interministériel puis Premier ministre, chef du gouvernement. Au-delà de son aspect psychologique et populaire auprès de l’opinion publique, l’option a montré des limites à régler durablement les problèmes sociaux et économiques structurels ou même conjoncturels dans les pays. Ceci étant, quels sont les enjeux de cette proposition souvent faite par des opposants politiques, et des citoyens ayant le sentiment d’être en marge de l’État dans tous les pays ? Quelles en sont les possibilités et les options en Côte d’Ivoire ?

Analyses sur la base du budget 2024 en Côte d’Ivoire

En Côte d’Ivoire, l’on peut estimer que les dotations affectées au train de vie de l’État ou plutôt au fonctionnement et à l’administration de l’État peuvent osciller entre 500 et 1000 milliards Fcfa. Je le dis sans entrer dans les détails ! Mais sans ces dépenses, ou en supprimant ces dépenses l’État sera-t–il encore et toujours l’État ? À quel niveau faut-il agir pour réduire le train de vie de l’État ? En quoi cela consiste ?

Des pistes d’économie …

Le Sénat supprimé, c’est 11 milliards Fcfa d’économie ! Les députés qui votent le budget sans salaires ni rien, c’est 34 milliards Fcfa d’économie. On peut aussi espérer couper 24 milliards Fcfa affectés au Premier ministre et 50 milliards Fcfa affecter au président de la République, proposer d’annuler les salaires et autres des ministres, supprimer la Cour des rois (4 milliards Fcfa) le conseil économique (7 milliards Fcfa) et bien d’autres choses…

On peut aussi poser cette question : au-delà des députés et sénateurs, qui adoptent le budget selon la loi et qui ne feraient pas bien leur travail eu égard aux propositions ainsi faites de réduction du train de vie de l’État), faut-il modifier la loi pour que le budget soit envoyé à chaque citoyen en vue de recueillir ses propositions et orientations (cela existe-t-il dans un pays alors que la tendance est plutôt de renforcer la mise à disposition des citoyens des informations sur le budget et des capacités de contrôle de la gestion et de l’exécution transparente et conformes de la loi votée à cet effet ) …

L’appel à contribution de l’État fait ressortir décès observations et des interrogations.

Ceux qui le disent semblent ne pas se reconnaître en les dirigeants du pays. Le citoyen qui demande à l’administration de réduire son train de vie semble faire une différence entre lui et l’État, alors que l’État puissance est en chaque citoyen !

Au fait, la requête n’est-elle pas une remise en cause de la légitimité des dirigeants de l’État au point de vouloir les déposséder des instruments et de la force de l’État, au point de vouloir dépouiller et affaiblir l’État et la puissance publique à travers ses représentants, ses institutions et ses démembrements divers ? En tout état de cause, il faut noter que les mesures relatives à la réduction du train de vie de l’État entrent souvent dans l’ordre du symbolique et du cosmétique et quelques fois de la politique politicienne ou populiste (par exemple en Rdc durant la campagne pour l’élection présidentielle, le candidat Moïse Katimbi a promis supprimer la fonction de Première dame ….).

L’option de la réduction du train de vie de l’État n’est jamais vraiment efficace, sans oublier que ce que le gouvernement laisse d’un côté, il peut le prendre de l’autre.

Des propositions alternatives à la question du prix de l’électricité

un extrait du budget relatif aux dotations des institutions

Cela dit, s’agissant de la question précise du prix de l’électricité, on peut regarder le modèle du carburant qui a des prix qui varient avec une tendance à la hausse comme à la baisse, selon le marché extérieur. Il reste possible de faire plus de pédagogie et de transparence sur la question du prix de l’électricité, travers notamment une réflexion sur les taxes multiples que paie le consommateur sur les factures. Ainsi, à la place des taxes qui peuvent alourdir le jusqu’à près de 50% les factures relativement à la consommation initiale d’électricité, (sans que l’on sache vraiment combien cela rapporte à l’État quant à ce qu’il perd ou paie dans le déficit), pourquoi ne pas augmenter le prix du Kilowatt heure à hauteur du prix de revient de 89% en y appliquant des frais de gestion pour obtenir même des bénéfices. Ce qui est tout à fait normal !

Passer du cercle vicieux au cercle vertueux

À la fin, le consommateur pourrait avoir les mêmes montants ( ou même moins ou plus). Toutefois, à ce niveau, l’on aura l’impression d’être dans un système plus vertueux, et le consommateur n’aura pas le sentiment qu’il paie trop de choses inutiles, pour entretenir le train de vie de l’État.

La réforme de la structure du prix, dans la transparence par le biais de la réduction des taxes de l’État , et à travers l’application du prix réel de revient et du marché majoré des frais d’exploitation adéquats, raisonnables et des objectifs de bénéfices, est une piste à regarder en faisant objectivement le point de ce que l’État gagne dans les taxes, par rapport au déficit qu’il comble…Car en effet, il ne sert à rien de vendre à 80 Fcfa un bien produit à 89 Fcfa puis de mettre des taxes qui font que celui qui a payé à 80 Fcfa, finit par payer 100 Fcfa.

Pendant ce temps, ce que l’État croit avoir gagné à travers les taxes, il le prend pour le payer aux producteurs du bien vendu (ou acheté) à perte. Il est possible de sortir du cercle vicieux du prix subventionné et des taxes, pour entrer dans un cercle vertueux avec les prix réels du marché dans une démarche objective de rentabilité ! L’État peut « sciencer » à ce niveau …

Wakili Alafé

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