Bounkani-Le ministère de la jeunesse évalue l’impact du programme de lutte contre la fragilité des zones frontalières
En parallèle aux actions militaires menées pour lutter contre le terrorisme dans les zones fragiles du Nord, le gouvernement ivoirien apporte une réponse sociale, mobilisant les dispositifs d’insertion professionnelle et de développement économique. Le ministère de la Promotion de la jeunesse, de l’Insertion professionnelle et du Service civique a initié une visite dans les localités du Bounkani, du jeudi 31 octobre au samedi 2 novembre 2024, dans l’optique d’évaluer l’impact de ces initiatives sur le développement et l’autonomisation des jeunes de cette région frontalière.
Une stratégie socio-économique pour contrer l’insécurité
Dans une volonté de lutter contre la précarité dans les six régions frontalières (Poro, Folon, Kabadougou, Bagoué, Tchologo, Bounkani) et de prévenir l’ancrage du terrorisme, l’État ivoirien a déployé des projets à travers l’Agence Emploi Jeunes et ses différents dispositifs qui incluent le développement de Micro et Petites Entreprises (MPE), les Travaux à Haute Intensité de Main-d’œuvre (THIMO), les Activités Génératrices de Revenus (AGR), et les Associations Villageoises d’Épargne et de Crédit (AVEC). Inscrits dans le cadre du Programme Jeune du gouvernement (PJ-Gouv 2023-2025), ces projets ont eu des répercussions positives dans les départements de Bouna, Doropo, Nassian et Téhini, améliorant les conditions de vie de nombreux jeunes et femmes.
Des jeunes autonomisés et pleins d’espoir
Le ministère de la Promotion de la jeunesse a rencontré plusieurs bénéficiaires au cours de cette tournée de proximité, dont Yao Abdoulaye, tapissier à Nassian. Grâce au programme MPE, ce jeune entrepreneur a pu obtenir un prêt d’un million de FCFA, pour s’octroyer du matériel et développer son activité. « Avant, je manquais de matériel pour travailler, mais grâce au prêt, j’ai pu m’équiper et j’ai maintenant des clients dans toute la région du Bounkani », confie-t-il, exprimant sa gratitude envers le gouvernement. Quant à Coulibaly Djeneba, membre de l’association « Benkadi » à Téhini, elle a témoigné également. « Nous avons reçu deux millions de FCFA, ce qui nous a permis de développer notre activité de vente de ciment. J’espère pouvoir bénéficier d’un nouveau prêt pour que chacune de nous ait sa propre activité. »
Les AVEC, un pilier de solidarité à Bondoyo
Avant l’étape de Téhini, le ministère de la Promotion de la jeunesse a visité, le 31 octobre 2024, des bénéficiaires des Associations villageoises et de crédits (AVEC) à Bondoyo, un village de 5 000 habitants près de Nassian. Ces associations, qui favorisent l’épargne et facilitent l’autofinancement pour les AGR, sont devenues un soutien économique et social important pour les communautés rurales. Heregouahi Adja Jacqueline, commerçante, explique. « Grâce aux 40 000 FCFA reçus via l’AVEC, j’ai pu agrandir mon commerce et mieux soutenir ma famille. » En plus de l’épargne, ces associations villageoises de crédits permettent de soutenir financièrement les membres en difficulté et de renforcer les liens communautaires.
Des chiffres prometteurs pour la jeunesse du Bounkani
Depuis 2020, 12 628 bénéficiaires, dont 54 % de femmes, ont profité des programmes du ministère de la promotion de la jeunesse, de l’insertion professionnelle et du service civique, pour un investissement total de 4,09 milliards de FCFA. Sur ce montant, 4,06 milliards de FCFA ont été consacrés aux programmes d’insertion professionnelle, impactant 12 439 jeunes, et 34,65 millions de FCFA ont été alloués au service civique pour soutenir 189 jeunes. En 2024, 2 428 jeunes supplémentaires de la région du Bounkani bénéficieront de ces initiatives, pour un budget de 911,6 millions de FCFA. D’ici 2027, le gouvernement prévoit de soutenir 2 824 jeunes pour un coût global de 1,32 milliard de FCFA, consolidant ainsi sa stratégie de lutte contre la précarité et l’insécurité. Ces initiatives constituent une réponse tangible aux défis socio-économiques des zones sensibles, intégrant les jeunes dans le tissu économique et renforçant la résilience communautaire contre les menaces terroristes.
Mamadou Ouattara avec L.Abdul