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Depuis Paris, Dr. Elie Nkamgueu du Club Efficience : « Les diasporas africaines ne constituent plus la fuite des cerveaux… »

Dr. Elie Nkamgueu, président du cercle de réflexion et d’initiatives économiques ‘’Club Efficience’’ met, dans cet entretien, en lumière l’importance cruciale de la valorisation des diasporas africaines en Europe. Il souligne la nécessité pour celles-ci de renforcer leurs liens commerciaux et de jouer un rôle actif dans le développement du continent africain.

Pouvez-vous nous présenter le Club Efficience ?

Le Club Efficience est né en 2008, il y’a 16 ans aujourd’hui. 16 années pendant lesquelles une équipe de passionnés s’évertuent pour mettre en valeur les différentes diasporas africaines en Europe, car il y’a plusieurs diasporas. Et voir comment créer un lien entre les diasporas et le développement de notre continent.

Après 16 ans, quel bilan ?

Je pourrai résumer ce bilan en trois points importants sur lesquels nous avons travaillé. Le premier, c’est le ‘’Gotha Noir’’. Un ouvrage que nous avons publié et qui permet de répertorier les parcours et les récits des diasporas en Europe. Les mettre en lumière pour que ces parcours servent de modèle à des plus jeunes. Ça été une réussite et ça continue de l’être. En plus de cela, nous avons mis en place des programmes de mentorat et de promotion de l’entreprenariat. Cela a permis de sélectionner chaque année des jeunes qui ont créé des projets avec des idées géniales mais n’avaient pas de mentors ni séniors pour leur permettre de mieux comprendre les secteurs dans lesquels ils évoluaient. Que ce soit en termes de marketing, de communication ou de leadership du porteur du projet. Ni même en termes de recherche de financements. Ce programme a très bien marché, et nous a permis d’avoir des jeunes qui sont aujourd’hui des patrons à la tête d’importantes entreprises. C’est une véritable fierté du Club Efficience. Le troisième, ce sont les bourses d’excellence que nous offrons à des jeunes issus des milieux défavorisés pour les encourager à intégrer les grandes écoles. Et nous étions en partenariat avec trois grandes écoles qu’étaient Polytechnique, HEC et Sciences Po. Nous avons choisi ces grandes écoles car c’est là-bas que sont formés les élites de la république. Et notre ambition, c’était que ces jeunes intègrent massivement ces établissements d’excellence pour favoriser la diversification de l’élite européenne. En ayant ainsi une élite diversifiée, on emmène une autre façon de penser avec notre sensibilité dans les cercles de décision. Nous agissons donc pour ne pas que pour des raisons financières, nos talents et intelligences ne puissent pas intégrer les grandes écoles. A côté de ces projets majeurs, nous avons notamment organisé des évènements networking pour permettre à nos diasporas de travailler ensemble, apprendre à nous connaître pour mieux dynamiser nos business.

Vous organisez le 5 octobre prochain le salon de la gastronomie et des épiceries fines africaines pour quels buts ?

16 ans après avoir mis en place tout ce réseau qui a permis au Club Efficience d’être le premier cercle d’affaires des diasporas en Europe, nous avons pensé qu’il était vraiment important de mettre l’accent sur l’entreprenariat. Nous avons donc décidé d’organiser des rencontre tous les trimestres en commençant par ce salon de la gastronomie et des épiceries fines africaines. Car nous avons besoin de créer un cadre dans lequel les diasporas pourront se rencontrer pour apprendre à se connaître et faire du business ensemble. Et ce sera à chaque occasion, autour d’une thématique socio-professionnelle. Comme je le disais, le premier de ces rencontres est le salon de la gastronomie et des épiceries fines africaines. Nous avons l’occasion de voir des Chefs, de grands Chefs cuisiniers, des experts du monde de la gastronomie et de la cuisine et des blogueurs culinaires qui vont venir nous montrer comment sublimer les cuisines du monde avec nos produits africains. Cela favorisera la pénétration de la gastronomie africaine dans les habitudes occidentales. Ainsi pouvoir sortir notre culture culinaire du système misérabiliste dans lequel elle est cantonnée actuellement.

A termes, qu’elles sont les ambitions du Club Efficience par rapports au continent africain ?

Il y’a quelques années, on considérait les diasporas comme la fuite des cerveaux. Aujourd’hui, ce n’est plus forcément le cas. C’est un levier essentiel du développement de l’Afrique. La preuve, en termes de transfert d’argent, les diasporas africaines constituent les premiers bailleurs de fonds du continent. C’est plus de 65 milliards de Dollars (USD) qui sont transférés chaque année sur le continent. C’est une masse énorme. Malheureusement, cet argent est canalisé en frais de bouche et de santé et très peu en investissement. Nous, notre objectif est de remotiver ces diasporas à optimiser leurs apports au continent africain. C’est ainsi que nous avons mis un accent sur l’entreprenariat et l’accompagnement des diasporas vers notre continent. Voilà pourquoi le Club Efficience a mis en place un programme d’accompagnement dénommé les ‘’missions économiques des diasporas’’. Nous allons organiser chaque année une mission économique dans un pays africain pour permettre les mises en relation. Ainsi, les diasporas pourront mettre à disposition leurs compétences et expertises pour l’industrialisation de l’Afrique. Et aussi apporter leurs capitaux financiers. Nous avons besoin que les diasporas investissent dans nos pays pour créer cette économie et cette classe économique moyenne dont nous avons besoin.

C’est quoi votre rêve des relations entre les diasporas africaines en Europe et le continent africain ?

C’est ce qui nous porte depuis 16 ans. Faire en sorte que les diasporas deviennent un élément structurant du développement de l’Afrique de demain. Pour nous c’est capital. On ne peut pas nous avoir volé les 19ème et 20èmes siècles et nous laisser voler encore celui du 21ème. Ces diasporas qui sont bien formées et possèdent un important pouvoir d’achat ne doivent pas rater le tournant du 21ème siècle. Les diasporas africaines doivent pouvoir dire leurs mots sur le devenir de l’Afrique.

Entretien réalisé par Jean-Paul Oro à Paris

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