Nouveaux fonctionnaires non-affectés, fonctionnaires fantômes ou fictifs- Anne Ouloto annonce des actions fortes pour nettoyer le fichier de la fonction publique

Le vendredi 7 avril 2023, la ministre de la fonction publique Anne-Désirée Ouloto, a eu une rencontre de travail, à l’École nationale d’administration (ENA) à Cocody II-Plateau à Abidjan, avec les Directeurs des ressources humaines (DRH) des 32 ministères techniques du gouvernement. Elle s’inscrit dans le cadre des rencontres périodiques de la ministre avec ces DRH afin de régler la situation des fonctionnaires pas encore en service. Notamment, les fonctionnaires nouvellement admis aux concours mais non encore affectés, de même que des fonctionnaires affectés, qui perçoivent un salaire à la fin du mois, mais qui n’ont jamais été vus à leurs postes.

S’agissant des nouveaux fonctionnaires, la rencontre du jour portait sur les admis des années 2019, 2020 et 2021, qui ont été effectivement insérés à la date du 2 avril 2023.
Sur un effectif de 43 712 personnes affectées sur cette catégorie d’admis, 4 452 de ces fonctionnaires restent encore non-absorbés. Soit 9,2% de non affectés. Ces chiffres exposés par Loa Adoh Junior, le Directeur de la programmation et du contrôle des effectifs (DPCE), ont été reconnus par la majorité des DRH. Pour la ministre Anne-Désirée Ouloto, tous ces fonctionnaires doivent être à leurs postes au plus tard le 30 juin 2023.
« Cette situation doit être réglée avant le 30 juin 2023 » .
« Cette situation doit être réglée avant le 30 juin 2023. On ne peut plus accepter que des jeunes gens qui ont été déclarés admis à un concours de la fonction publique, soient encore à la maison des années après la déclaration de leurs admissions. Ces jeunes là sont l’espoir de nombreuses familles. C’est inconcevable. Il faut que ces 4452 nouveaux fonctionnaires soient tous affectés avant le 30 juin 2023. (…) Je voudrais donc dire à tous ceux-là, qu’au plus tard à la fin du mois d’avril 2023, nous les sortirons des listes des différents admis, de sorte que nous puissions avoir une meilleure visibilité concernant les personnes à recruter pour les années à venir », a prévenu la ministre.

Annuler les admissions des fonctionnaires qui choisissent eux-mêmes des ministères d’affectation

La rencontre a été aussi l’occasion pour les DRH d’exposer à la ministre plusieurs raisons, selon eux, qui expliquent le nombre aussi élevé de nouveaux fonctionnaires non encore affectés. Ils ont expliqué qu’une bonne frange de ces fonctionnaires exigent des ministères d’affectation. « Ce n’est pas acceptable », leur a répondu la ministre. «L’administration recrute parce qu’elle a besoin de travailleurs. Ceux-ci sont affectés là où des besoins ont été exprimés. Si vous refusez de rejoindre votre poste d’affectation au motif que vous voulez un tel ou un tel autre ministère, alors la ministre de la fonction publique n’aura pas d’autres choix que d’annuler votre admission pour que d’autres ivoiriens puissent profiter de ces opportunités offertes », a-t-elle prévenu.
Certains DRH ont aussi expliqué que des nouveaux fonctionnaires sont restés non affectés dans leurs services, parce que leurs profils ne correspondent pas « tout à fait » aux postes disponibles. Des ajustements sont donc en vue avec les services techniques du ministère de la Fonction publique. « Cela sera fait la semaine à venir », a assuré Anne-Ouloto.
Mines et énergie, Plan et développement (…), ces ministères avec un faible taux d’absorption de nouveaux fonctionnaires
Avec 586 personnes insérées sur 707 affectées, le ministère des mines, du pétrole et de l’énergie enregistre le plus faible taux d’absorption de nouveaux fonctionnaires. Soit 17% de nouveaux fonctionnaires 2019, 2020 et 2021 insérés à la date du 2 avril 2023. Le ministère du plan et du développement arrive en deuxième position avec 114 mis en fonction sur 211 affectés. Soit 54% de taux d’insertion. 24 sont en attente de prise de service et 73 rejetés.
Le ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation (98,8%) et le ministère de la réconciliation et de la cohésion nationale (98,3%) enregistrent les meilleurs taux.
Ce qui est prévu pour démasquer les fonctionnaires jamais à leurs postes, et qui travaillent dans le privé …
La ministre Anne-Désirée Ouloto a appelé les DRH à faire leur travail sans état d’âme. Car, elle a dit avoir eu écho de ce que des fonctionnaires mis au service des ministères, ne se sont jamais présentés physiquement pour occuper les postes. Des fonctionnaires invisibles, qui ne travaillent pas, mais dont les salaires sont virés chaque fin du mois. « Il me revient en effet que certains fonctionnaires sont dans le fichier de la fonction publique de Côte d’Ivoire, mais ne sont jamais à leurs postes. Ils exercent dans le privé, d’autres travaillent à leur propre compte, certains vivent dans d’autres pays. Mais, à partir de complicités internes, ils réussissent à se faire payer tous les mois par la fonction publique. Il n’y a jamais de fumée sans feu. Il m’appartient également en tant que ministre de la fonction publique, de faire la lumière sur cette situation », a-t-elle fait savoir. Pour les démasquer, la ministre de la fonction publique annonce la mise en place d’un contrôle biométrique des présences. « En ce qui concerne les présences, nous avons le contrôle biométrique qui sera notre prochaine stratégie. Chaque fonctionnaire devra pointer personnellement à son service. Il viendra mettre son doigt à un appareil dédié. Je ne vois pas dans ce cas comment on pourrait agir par personnes interposées. Les absents seront donc forcément identifiés. Si cette stratégie ne porte pas suffisamment de fruits escomptés, nous pourrions aller jusqu’à demander que, pendant un certain temps, les fonctionnaires viennent percevoir leurs salaires au guichet du trésor public. En ce moment là, on saura qui est absent ou non. La bonne gouvernance passe aussi par là », a-t-elle fait savoir.

J-H Koffo