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Battu à la présidentielle togolaise de 2020 , le candidat autoproclamé vainqueur y croit encore: «Un justicier viendra (…) dire à Faure : “laisse la place à Agbéyomé Kodjo”»

Ancien premier ministre, chef de file de l’opposition et candidat à l’élection présidentielle togolaise de 2020 dont il a contesté les résultats donnant le président sortant Faure Gnassingbé vainqueur , Agbéyomé Kodjo était l’invité d’un webinaire organisé par une plateforme de journalistes le vendredi 22 janvier 2021. Au cours de ce webinaire qui a duré plus d’une heure, plusieurs thèmes ont été abordés notamment l’élection présidentielle 2020 au Togo, la question du troisième mandat et les violences en période électorale en Afrique.

Dans son introduction, l’ex premier ministre togolais est revenu sur les raisons qui l’ont poussé à contester les résultats de l’élection présidentielle donnant le président sortant Faure Gnassingbé vainqueur selon la commission nationale électorale indépendante. « Une conférence épiscopale a publié le 1er Mars (Ndlr : 2020) une lettre pastorale signée par tous les évêques du Togo demandant au gouvernement de rétablir la vérité des Urnes, ils ne l’ont pas fait. Le groupe de G5 c’est-à-dire les ambassadeurs occidentaux en poste au Togo ont exigé la production des procès-verbaux pour justifier leur victoire. Parce qu’ils prétendent avoir 72 %. Quelqu’un qui fait un premier mandat, deuxième mandat , troisième mandat où tout le monde demande des comptes parce que la misère devient grand dans le pays , les actes de corruption se multiplient et sont impunis , avec des assassinats qui se répètent sans que du moins les auteurs ne soient inquiétés ,qui est à son quatrième mandat contesté , comment va-t-il avoir 72% » a évoqué Agbéyomé Kodjo , qui dit avoir mis un gouvernement en place et nommé un premier ministre.
En ce qui concerne sa victoire , il a dit : « Je dis Mathématiquement que celui qui est là (le président sortant) n’a pas gagné, celui qui a gagné ne fabrique pas des messages de félicitations en imitant les signatures des pays partenaires, celui qui a gagné ne soumet pas la violence, celui qui a gagné ne va pas négocier avec le vaincu pour se donner une légitimité que les urnes ne lui ont pas donnée. La France, et l’Allemagne et l’Union européenne n’ont pas reconnu de manière officielle la victoire de Faure. Ces reconnaissances n’auront de valeur que lorsque la victoire tirera officiellement sa légitimité de la vérité des urnes. Le gouvernement américain a écrit au gouvernement togolais que pour que ces résultats puissent susciter une adhésion et la confiance au sein des populations, qu’il est nécessaire de procéder à la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote (…) Je ne réclame pas la victoire mais je défends l’honneur et la dignité de ceux qui se sont mobilisés massivement pour aller voter l’alternance, je défends la foule des togolais qui ont entendu le message du prélat et mon programme et qui sont sortis massivement pour aller voter. C’est pour eux que je souffre, c’est pour eux que je mène le combat et je pense qu’un justicier viendra de quelque part dire à Faure tu n’as pas gagné laisse la place à Agbéyomé Kodjo ».

« Je ne peux pas dire que j’ai refusé les négociations, je dis que je ne peux aller accepter une proposition de la part du Chef de l’État »

Interrogé sur le rejet des tentatives de négociations qu’ils lui ont été proposées par le gouvernement de Faure Gnassingbé, l’ex premier ministre togolais a répondu : « Je ne peux pas dire que j’ai refusé les négociations , je dis que je ne peux aller accepter une proposition de la part du Chef de l’État sans me référer au prélat qui est le père de la dynamique ».
Pourquoi les élections sont toujours contestées en Afrique ? Répondant à cette question, il a déclaré : «C’est le refus par ceux qui exercent le pouvoir de se soumettre de toutes les façons aux procédures et à la loi. Comme c’est le cas au Togo où je dis que celui qui a gagné ne doit pas négocier avec celui qui a perdu, celui qui a gagné ne falsifie pas les copies des puissances extérieurs pour se donner une légitimité. La légitimité c’est dans les urnes qu’on l’obtient, aucune convention politique n’a reconnu sa victoire. À partir de cet instant, je considère que notre réclamation est fondée ».

« Ce que je pense des débats sur le troisième mandat »

Sur la question des débats sur le troisième mandat, l’invité du jour a estimé que c’est un acte inadmissible et qu’il faut limiter les mandats à deux. « Je pense qu’il faut qu’on soit sérieux, je pense que l’un des chantiers que nous allons ouvrir lorsque nous serons aux affaires c’est de réunir la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao. De mettre un verrou pour éviter qu’au niveau de la sous-région les gens dépassent les deux mandats. Il faut qu’on arrête ça parce ce que ça entraîne des conflits et des morts et ça retarde la sous-région. Il faut limiter les mandats à deux et que même si vous travaillez plus qu’un génie, il faut laisser la place à d’autres génies , à d’autres bonnes volontés et à d’autres forces politiques de venir incarner le destin national. Je ne pourrai pas encourager que les gens aillent au-delà de deux mandats, et je ne pourrai non plus fermer les yeux pour avoir du respect pour ceux qui pensent que sans eux leur pays respectifs vont sombrer. Ma position est ferme, faites vos deux mandats et vous dégagez » a-t-il indiqué.
Agbeyome Kodjo s’est prononcé également sur la tenue des élections législatives en Côte d’Ivoire prévues pour le 6 mars 2021 qui enregistre la participation d’une partie de l’opposition : « Nous sommes en relation avec plusieurs leaders politiques de la Côte d’Ivoire, je ne sais pas quels sont les éléments qui justifient leur décision de prendre part à cette compétition quand on sait que l’élection du président Alassane Ouattara a été décrédibilisée par le boycott et la faible participation des ivoiriens. Je souhaite que la paix revienne en Côte d’Ivoire pour que démocratiquement le pays puisse repartir sur de bonnes bases»
Pour conclure, l’ex premier ministre a fait des propositions pour mettre fin aux violences avant, pendant et après les élections en Afrique . « Pour construire la démocratie, et l’État de droit, il y a un certain nombre de comportements à proscrire. Il faut que la Cedeao revisite ses textes, renforce là où il y a des faiblesses. Il faut que les choses reposent sur des principes et des valeurs. Il est nécessaire également que l’Union africaine puisse revoir son fonctionnement notamment en relation avec les élections du moins en Afrique, puisque ce sont elles qui entraînent des remous. Il y a donc lieu de revisiter la charte qui permet d’envoyer des observateurs, qui permet également d’apprécier la qualité des organisations de ces élections puis la légitimité des résultats. Au-delà des observateurs qu’ils envoient il faudra donc la sanction positive ou négative de la qualité de ces élections », a-t-il recommandé.

M. Ismaïla

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